Introduction  [Avertissement ]

De tous temps, l'Homme s'est vivement intéressé à sa propre image et ses investigations concernent le plan psychique, autant que physique. Son égocentrisme se cristallise sous forme philosophique ou religieuse pour le premier; pour le second, il se réalise dans la science médicale.

L'évolution de la civilisation a fait découvrir d'autres terrains. Ainsi la peinture et la sculpture des Grecs et des Romains mirent-elles en valeur le corps humain, sans cependant en négliger l'esprit. Les Anciens cherchèrent d'ailleurs à unir ces deux éléments. Beaucoup plus tard, le Moyen-Age les séparait et exacerbait sa vision en n'attribuant plus la moindre valeur au composant corporel. Avec la Renaissance, celui-ci revient en scène, pour s'épanouir définitivement: Vésale et ses successeurs en fournissent les connaissances absolues, dont la médecine n'est qu'une fraction. Des sciences auxiliaires nous font aussi connaître l'homme dans son cadre géographique et social : l'anthropologie, la paléopathologie et la biométrie en sont les produits.

La littérature consacrée à l'anthropobiologie est abondante et les techniques d'étude du squelette si  nombreuses, qu'en 1972, à Prague, un groupe de travail d'anthropologues européens décidait de les unformiser. Ceci aboutissant quelques années plus tard aux : Recommandations pour déterminer l'âge et le sexe sur le squelette [Ferembach, D., Schwidetzky, Ilse et Stloukal, M. (Bull, et Mém. de la Soc. d'Anthropologie de Paris, t. 6, série 13, 1979, 7-45)], présentées en août 1978 au Colloque de Paléodémographie de Sarospatak.

Malgré tout, les ouvrages d'anthropométrie sont souvent d'un abord difficile pour l'anthropologue débutant, de même que pour l'archéologue fouilleur de sépultures ou pour le médecin-(ou l'anthropologue-) légiste. Pour cette raison nous proposons aujourd'hui ce précis (sans la moindre prétention et, sans aucun doute, susceptible de corrections et d 'additions ) où le lecteur trouvera toutes les bases nécessaires à un examen morphologique et métrique sérieux. Pour lui permettre, éventuellement, d'élargir ses connaissances, quelques pages ont été consacrées aux méthodes d'étude des ossements incinérés ainsi qu'aux techniques de calcul de certains estimateurs paléodémographiques tels que l'espérance de vie, le taux de mortalité et l'index de vieillissement. Ces données sont regroupées dans une Annexe.

Nous tenons à remercier tout particulièrement Mme. Jeannine Alénus-Lecerf, Chef de Travaux du Service national des Fouilles pour ses précieux conseils lors de la traduction du manuscrit néerlandais, ainsi que Mme. Jeanne Picart pour la première révision du texte. Nous remercions aussi Mr. Bert Janssens pour le soin porté aux nombreux dessins.

Nous espérons que notre ouvrage pourra faciliter l'étude de base de l'investigateur, tout en lui laissant la liberté d'une interprétation personnelle.

Paul A. Janssens (Anvers) et Raoul Perrot ( Lyon), 1987

 Même si quelque fois nous nous reférons à des états pathologiques-dans notre cas- paléopathologiques (*) - nous n'avons pas consacré de chapitre spécial à ce sujet : les ouvrages existants suffiront, tels ceux de :

R. Ted Steinbock, Paleopathological Diagnosis and Interprétation, Springfïeld, 1976, 423 p.
Donald J. Ortner & Walter G.J. Putschar, Identification of Pathological Conditions in Human Skeletal Remains, Washington, 1981, 479 p.

Nous voudrions, attirer l'attention sur l'interêt particulier portés à l'étude des restes anciens incinérés,  par les auteurs allemands :

Wahl, Rôsing FW [Methoden und Aussagenmöglichkeiten der anthropologischen Leichenbrandbearbeitung. (Archäologie und Naturwissenschaften, 1, 1977, 53-80)]

Kühl, Ingrid [Harris' lines and their occurence also in bones of prehistoric crémations. (Ossa, 7, 1980,129-172)].