Il est bon de rappeler que le premier expert judiciaire mondialement reconnu comme tel a été le lyonnais Edmond Locard auquel les Archives de Lyon ont consacré en 2010 une exposition. Le laboratoire a mis en ligne le 18/11/2010 (avec l'aimable autorisation du Département des Archives de Lyon, que nous remercions vivement ici) un lien vers cette exposition virtuelle. [Pour accéder à l'exposition virtuelle cliquer sur l'iconographie] En 1959, sur la demande du Professeur Louis Roche, à l'époque Directeur de l’Institut Médico-Légal de Lyon, le Professeur Pierre Morel organise un département d’anthropologie médico - légale, chargé - essentiellement - d’intervenir dans les identifications judiciaires. En 1966 il est rejoint par R.Perrot, avec lequel il crée en 1967 l'actuel laboratoire. En 1969, l’état de santé de Pierre Morel l’amène à confier l’entière responsabilité du service au Dr. Raoul Perrot. Ce dernier est nommé, en 1976, Expert en Anthropologie médico - légale près la Cour d’Appel de Lyon. En 1985, une jeune étudiante en chirurgie dentaire, Claire Desbois, arrive dans le laboratoire, pour préparer, sous la direction de R.Perrot, une thèse sur "la reconstitution du visage d'après le crâne", qui sera soutenue en 1986. En 1992, Anne Pinault-Manin, étudiante de l'AEU d’anthropologie est intégrée au laboratoire (comme assistante en anthropométrie) où, sous la direction de Raoul Perrot, elle soutient, en 1993 un Diplôme d'Aide à la Recherche (DAR) d’Anthropologie Anatomique : « De l’influence de l’âge et de la corpulence sur l’épaisseur des tissus mous crâniens».
En 2001, le Dr. Claire Desbois devient,
à son tour Expert en Anthropologie médico -
légale près la Cour d’Appel de Lyon, après
une bonne dizaine d'années de participation
aux expertises médico - légales effectuées
dans le cadre du
laboratoire. En 2003, c'est au tour du Dr.Yvonne Desbois , Expert en odontologie légale près la Cour d'Appel de Chambéry , d'intégrer le laboratoire. En 2011, le Dr Perrot est admis à l'honorariat. 2 -L 'activité judiciaire du Laboratoire L'activité expertale du laboratoire est consacrée aux identifications médico - légales, déclenchées par une demande des services judiciaires (juge d'instruction, police ou gendarmerie) de la région Rhônes-Alpes (souvent via l'Institut médico-légal de Lyon) ou nationaux : il est à noter que dans la mesure où la compétence d'un expert est reconnue, il peut recevoir des missions provenant de cours d'appel autres que celle à laquelle il est rattachée. 2.1 -L'Equipe d'Anthropologie Judiciaire d'Identification (EAJI) (organigramme 2017-2018)
2.2 - L'identification cadavérique 2.2.1 - Généralités
L' intervention du laboratoire ( sur
demande de la Justice, de la police ou
de la gendarmerie ), s’effectue
essentiellement dans le domaine de
l’identification d’individus inconnus,
découverts dans les maisons abandonnés, les
bois, les canaux, les rivières, etc... et dont
l’état de décomposition est tel que l’autopsie
classique ne peut être que rudimentaire voire
même impossible. En quoi consiste l’identification ? A mettre un nom sur un cadavre inconnu, c’ est - à - dire retrouver les références sociales, administratives ... qui permettaient d’identifier le sujet de son vivant au sein du groupe auquel il appartenait. Mais, en dehors de sa désignation nominative, un individu est caractérisé par quatre éléments d’ordre biologique, à savoir, son phénotype cutané ( classiquement utilisé maintenant à la place du terme " race", auquel est rattachée une connotation " raciste", à notre avis très fortement exagérée ), son sexe, son âge et sa taille. Ces caractéristiques font, en fait, partie intégrante de la diagnose anthropologique classique[ Perrot ( R.) et David ( J.J. ), 1974 - Tessier ( M. ), 1975 ]. Deux cas peuvent se présenter : 1er cas : les vestiges humains retrouvés peuvent ( éventuellement ) correspondre à un sujet dont l'identité est connue mais qui a disparu sans laisser de traces. Très classiquement on peut faire appel à une comparaison d'ADN prélevé sur le cadavre et chez les membres de la famille supposée du défunt : cette technique n'étant pas anthropologique ne concerne donc pas le laboratoire qui, par contre a développé une technique originale : crâniophotométrie comparative [ Perrot ( R.), 1996 ], consistant dans une comparaison des paramètres métriques et angulaires du splanchnocrâne et leur équivalent au niveau facial ( photographie d'identité ou tout autre document permettant de voir correctement le visage du disparu ) : sur le crâne facial et le visage sont pris en compte un certain nombre de points métriques, de paramètres et de valeurs angulaires ( par exemple A et B sont les points pupillaires et la ligne AB définit donc le plan du regard, etc.).
La comparaison
entre le crâne facial et le visage
photographié repose sur la comparaison des
valeurs indiciaires et non sur celle des
paramètres eux -mêmes, ce qui évite
l'obligation de travailler sur un dessin et
une photo à la même échelle. 2ème cas : les vestiges humains retrouvés ne se réclament d'aucun sujet à l'identité connue et ayant disparu sans laisser de traces.
Une fois l'étude anthropométrique et
morphologique réalisée ainsi qu'un dessin
grandeur nature effectué du crâne ( face et
profil ) de l'individu, c'est à la
reconstitution faciale que l'on va
demander la possibilité d'identifier le
sujet. L'Affaire Maryse Maffre ( juillet 1989 ) [ Desbois ( Cl.), Mallet ( Cl.) et Perrot ( R.), 1992]
Le 25 juillet 1989, un promeneur découvre,
quai de la Lave, à l'Estaque (Marseille, 16e),
un squelette desséché par le soleil et en
grande partie nettoyé par les rongeurs. La
mort remonte au début de l'année et on peut
logiquement penser que le meurtre a eu lieu
ailleurs. Les premiers éléments de
l'enquête sont minces : individu
féminin âgé d'une quarantaine d'années,
mesurant 1 m 54, ayant des cheveux bruns. Plus
caractéristique, la victime a subi une
opération d' ostéosynthèse sur la colonne
lombaire et par ailleurs portait une patte de
lapin porte-bonheur autour du cou.
Enfin, le 12 février1992, le meurtrier est
arrêté.
L' Affaire Claude F. ( janvier 1999 )
Le 10 janvier 1999, dans la banlieue de
Marseille est découvert un cadavre masculin,
dont tout le sommet de la tête manque.
2.3 - L'identification facial du vivant 2.4 - L'établissement de l'âge de sujets vivants De nombreuses fois, le laboratoire est amené à donner un avis sur l’âge :
A chaque fois, l’examen somatique et odontologique est complété par des radiographies :
La technique utilisée est celle d' Acsàdi et Nemeskeri.
Le matériel de vidéosurveillance utilisé par les banques ne permet pas, une identification formelle des auteurs du délit. Cette difficulté, que l'anthropologue judiciaire essaie de compenser par son expertise, est due à plusieurs raisons :
Pour pallier des difficultés inhérentes aux dispositifs actuels de surveillance, le laboratoire, dans le cadre de l'appel à projets CSOSG 2008 [CONCEPTS SYSTEMES ET OUTILS POUR LA SECURITE GLOBALE] en partenariat avec ECL/LIRIS et Thales a élaboré le programme de recherche ANR IDASOR 2008 [IDentification ASsistée par ORdinateur des auteurs de vol à main armée] dont le but est l'augmentation du nombre de données morphologiques, en utilisant plusieurs caméras en haute définition : les images prises en compte pour l'opération d'identification seront donc de meilleure qualité, et en plus grand nombre. L'accès au relief via l'acquisition selon plusieurs points de vue fournira des informations plus sélectives. L'introduction d'algorithmes pour la sélection d'images, la mesure des distances et des angles devra, à terme, garantir la reproductibilité et surtout l'objectivité qui sont susceptibles de faire défaut à l'opérateur humain agissant seul. Cette dernière est particulièrement sensible dans le contexte humain d'une expertise judiciaire de VAM dont le résultat doit confirmer ou infirmer la culpabilité d'un individu. Il est à noter que, malheureusement, ce projet ne sera pas retenu.
4 - Le Workshop de Troyes 2009
Les 27 et 28 janvier 2009 le laboratoire a participé au Worshop Interdisciplinaire sur la Sécurité Globale qui se tenait à l'Université de Technologie de Troyes avec la communication suivante : " Contribution de la biométrique de similarité à l'identification des auteurs de vols à main armée : le projet IDASOR [programme de recherche soutenu par le Laboratoire d'Anthropologie Anatomique (Lyon1) et le LIRIS (Ecole Centrale de Lyon)]" (co-auteurs : Yvonne Desbois, Karima Ouji, Mohsen Ardabilian et Raoul Perrot). Cette présentation accompagnait une seconde demande dans le cadre de l'appel à projets CSOSG 2009. Comme en 2008 le projet ne fut pas retenu malgré la caution scientifique du LIRIS.
5 - La biométrique de similarité
Depuis les années
1990, à la suite de demandes répétées des autorités judiciaires dans le domaine
de l'identification des auteurs de VMA, nous avons développé dans
le cadre du L2AP une méthode manuelle
de comparaison biométrique de plans fixes provenant de la vidéo avec des
photographies du (ou des) prévenu(s). Elle consiste, à prendre des points
anatomiques dont la position et le nombre ne sont pas prédéfinis :
en effet ils sont entièrement tributaires de la qualité (nombre de pixels et
orientation) du cliché de l’auteur du VMA, et sont donc adaptés à chaque
cas [ce qui est un
avantage indéniable par rapport à certaines méthodes d’analyse
anthropométrique, qui ne satisfont pas toujours leurs auteurs qui s’en tiennent à une série de points
immuables, qui peuvent ne pas être utilisables si l’orientation de la photographie de l’auteur
du VAM ne permet pas de les prendre].
[révision de la page le 17/07/2018 ]
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