PRECIS
D'ANTHROPOBIOLOGIE DESCRIPTIVE ET METRIQUE DU
SQUELETTE / Paul A.Janssens † et
Raoul JL. Perrot / 2006 / 2014
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7- L'évaluation de la
taille (révisions février 2014 / novembre 2014)
7.1- Généralités
Avec le
sexe,
l' âge et le
phénotype cutané
(= anciennement qualifié de groupe racial), la taille
(stature) est le quatrième, et dernier, élément
incontournable de l'identification d'un individu.
La taille représente de la
manière la plus visible, de la naissance à l'âge adulte, la
croissance de l'individu : il y a donc un lien évident entre
les deux. Cependant d'autres facteurs, non moins importants,
sont à prendre également en compte, tels le dimorphisme
sexuel, l'appartenance à un groupe phénocutané précis,
l'alimentation et la santé.Tous ces éléments
rendent donc délicate l'estimation de la taille à partir du
squelette d'autant que pour des individus anciens, les
restes osseux peuvent être très fragmentaires, réduits par
exemple à des fragments de diaphyse d'os longs.
Dans ce qui suit nous nous
intéresserons d'abord à la détermination de la taille chez
l'adulte, le cas de l'enfant et du fœtus étant envisagé en
dernier.
7.2- Détermination de la taille chez l'adulte
Classiquement la stature d'un
adulte est " reconstruite" en mesurant la totalité des os
intervenant dans sa taille : crâne + ensemble du rachis
+ membres inférieurs + pied. Dans les cas où le squelette
est fragmentaire, il est possible d'extrapoler la taille à
partir de la longueur de chacun des os longs. Classiquement
deux types de méthodes évaluatives de la taille existent :
elles sont qualifiées d'anatomiques ou de
mathématiques (
Raxter et al., 2006). Notons que, souvent, ces deux
types méthodologiques s'interpénétrent.
7.2.1 - Méthodes anatomiques
La vraie méthode "anatomique"
est généralement attribuée à
Fully
(1956) : nombreux sont les auteurs qui la considèrent -
quand elle est applicable- comme étant la meilleure approche
de la taille du sujet (Olivier,
1960,
1969
-
El Najjar & McWilliams, 1978 -
Stewart, 1979 -
Lundy,
1985 -
Ousley,
1995).
La technique de Fully suscite
toujours des travaux dans lesquels elle est testée (
Lundy
JK, 1988 -
King
, 2004), critiquée (
Bidmos,
2005) ou même- ainsi que nous le verrons plus
loin- améliorée (
Raxter et al., 2006)!
La technique de Fully
Historique (
Fully, 1956 -
Stewart, 1979
-
Raxter et al., 2006)
En
1955, le Ministère des Anciens Combattants et Victimes
de Guerre, confie à G.Fully la tâche d'identifier les
cadavres de Français tués dans le camp de
concentration de Mauthausen ( Autriche).Ces
prisonniers n'avaient pas été incinérés mais seulement
inhumés et étaient assez bien concervés : beaucoup
d'entre-eux portaient une plaque d'identification au
poignet ce qui facilita grandement le travail de
Fully. Finalement ce sont 104 sujets ( adultes
masculins français et appartenant à d'autres
nationamités européennes) qui furent examinés.
Méthodologie
Les 5 mesures prises se
répartissent ainsi :
- hauteur
basion-bregma
- hauteur antérieure
des corps vertébraux de C2 à L5 [ C1 n'est pas
pris en compte parceque sa hauteur correspond à
celle de l'apophyse odontoïde de C2) ; à
noter qu'en présence de vertèbres endommagées
voire absentes,
G.Fully (repris par
El-Najar & Mc Williams, 1978 : 94) propose
un tableau où, pour chaque vertèbre est indiquée
la part, en %, qu'elle représente dans la hauteur
totale du rachis, cependant si le % des vertèbres
absentes dépasse 20 % il est conseillé de ne pas
utiliser la technique (tab.1).
Tableau 1
: % de chaque vertèbre en fonction de
la hauteur totale du rachis.
|
Cervicales
|
Thoraciques
|
Lombaires
|
|
%
|
|
%
|
|
%
|
|
%
|
C2
|
7.80
|
T1
|
3.41
|
T7
|
4.19
|
L1
|
5.53
|
C3
|
2.80
|
T2
|
3.61
|
T8
|
4.24
|
L2
|
5.62
|
C4
|
2.73
|
T3
|
3.72
|
T9
|
4.35
|
L3
|
5.66
|
C5
|
2.66
|
T4
|
3.83
|
T10
|
4.61
|
L4
|
5.63
|
C6
|
2.67
|
T5
|
3.98
|
T11
|
4.96
|
L5
|
5.76
|
C7
|
2.95
|
T6
|
4.10
|
T12
|
5.23
|
|
|
- hauteur antérieure
de S1
- longueur en position
du fémur
- longueur maximum du
tibia [sans les épines mais incluant la
styloïde]
- hauteur
talus/calcaneum articulés [du point le plus haut
du talus au point le plus bas du calcaneum]
La somme de ces mesures
permet de donner la taille à 3,55 cm près dans 95 % des
cas, en utilisant l'équation suivante : stature = 0.98
(sigma des 5 hauteurs) + 14.63 +/-2.05 cm.
G.Fully & H.Pineau en
(1960), proposent des facteurs de correction permettant
de passer de la taille squelettique à celle du vivant
(tab.2).
Tableau 2 :
corrections pour obtenir la taille du vivant à
partir de celle squelettique
|
taille squelettique
(cm)
|
ajout (cm)
|
>/=153.5
|
10
|
153.6-165.4
|
10.5
|
>/=165.6
|
11.5
|
La technique de
Fully modernisée
Raxter et al (2006) proposent une révision
intéressante de la méthode de Fully, à partir de l'étude
de 119 cadavres adultes ( hommes et femmes, leucodermes et
mélanodermes) appartenant à la fameuse Collection Terry
(Smithsonian Institute).
La méthodologie de la prise
des mesures est exactement la même avec, cependant
quelques précisions apportées :
- pour les vertèbres (
mise à part la C2), la hauteur maximum du corps
vertébral ne doit pas être prise dans le plan médian,
où elle est, généralement, plus faible, mais dans le
1/3 antérieur droit ou gauche selon le cas
- pour les os longs, si le
couple existe, prendre la longueur des deux
côtés (en position, pour le fémur - maximum sans
les épines, pour le tibia) et utiliser la
moyenne.
Une fois la somme des
mesures réalisées, deux équations sont proposées, selon
que l'on connait (A1) ou pas ( A2) l'âge de l'individu
:
- équation A1 : stature du
vivant = 1.009 x taille du squelette (en cm) -
0.00426 x âge (en années) + 12.1.
-
équation A2 : stature du
vivant = 0.996 x taille du squelette (en cm)
+ 11.7.
Il est à noter que
l'évaluation de la taille est indépendante du sexe et de
l'ancienneté des vestiges squelettiques (donc
théoriquement utilisable pour des préhistoriques, par
exemple). Avec cette méthode de
Fully
modernisée la stature
est estimée à 4,5 cm près dans 95 % des cas.
7.2.2
-
Méthodes mathématiques
Les
méthodes dites "mathématiques" (
Raxter et al, 2006) utilisent des équations de
régression basée sur les liens de corrélation estimés entre la
longueur des os longs et la taille du squelette qui, après
correction, fournit la taille du vivant. Le problème, en fait,
est "d'estimer une inconnue non observable (telle âge
au décès ou la stature) à partir d'inconnues qui elles,
sont observables
"(
Konigsberg et al.,1998:65). Deux
approches mathématiques sont en fait possibles :
-
méthode probabilistique classique : régression de la
longueur de l'os long retenu / stature puis
estimation de la stature de l'individu : dans ce cas on
admet que la probabilité d'estimer la bonne stature est
proportionnelle à la probabilité qu'un individu d'une
taille précise aura l' os long pris en
compte, dont la longueur sera identique à celle
qui a été mesurée dans l'échantillonnage ;
-
méthode bayésienne : régression de la stature /
longueur de l'os long retenu : dans ce cas on admet que la
probabilité d'estimer la bonne stature est proportionnelle
au produit de cette probabilité par la distribution
initiale de la
stature
.
La première méthode est utilisée quand on a la certitude que
les statures estimées sont extrapolées à
partir d'un échantillonnage d'os longs bien qualibrés.
La seconde méthode est généralement préférée quand la
distribution des tailles est considérée comme un à-priori
fiable
(
Konigsberg et al.,1998:71.72).
C'est à
Pearson (1899) et
Stevenson (1929) que l'on doit les premières tentatives
d'application de méthodes mathématiques à l'évaluation de la
taille. Cependant ce sont Trotter & Gleser (
1952), avec leurs travaux sur le squelette d'Américains
leucodermes et mélanodermes de la collection Terry, qui ont
généralisé et fait connaître ces équations de régression.
Quelques années après, ces travaux ont été repris par les
mêmes auteurs ( Trotter and Gleser,
1958,
1977) puis, plus récemment par d'autres
(Jantz
,1992 -
Cleuvenot & Houët,
1993).
Il est
important de noter que la stature étant variable d'une
population à une autre, il est donc difficile, voire erroné,
de vouloir extrapoler les équations obtenues dans une
population à toutes les autres (
Pearson,
1899 -
Stevenson, 1929 -
Dupertuis & Hadden, 1951 - Trotter and Gleser,
1952,
1958,
1977 -
Eveleth & Tanner, 1976 -
Ruff,
1994 -
Holliday, 1997 -
Holliday and Ruff, 1997)! De nombreux travaux proposent
donc des formules de régression tenant compte de la remarque
précédente
(Telkka,
1950 -
Allbrook,
1961 -
Genoves,
1967 -
Olivier,
1976 -
Lundy,
1985 -
Sjovold,
1990 -
Radoinova et al.,2002).
Il est à
noter, cependant que dans le cas de populations anciennes où
la stature du vivant n'est évidemment pas connue, des formules
de régression obtenues par une méthode anatomique donnent de
bons résultats
(Lundy,
1985,
1988
-
Feldesman & Lundy, 1988 -
Jungers,
1988 -
Sciulli et al., 1990 -
Sciulli & Giesen, 1993 -
Formicola & Franceschi,1996).
L'ensemble des os longs
est pris en compte : on se base, généralement, sur les os
complets (classiquement les os du membre inférieur
- fémur en particulier- étant considérés comme les mieux
corrélés à la taille). Des formules de régression ont été
également calculées afin de pouvoire utiliser également les os
réduits à des fragments diaphysaires : ceci étant évidemment
fondamental - une fois encore - dans le domaine de
l'anthropologie judiciaire.
Estimation de la taille à partir de diaphyses
complètes
La
longueur de chacun des 6 os longs du squelette est
retenue : il s'agit de la longueur totale (épiphyse
proximale-épiphyse distale), sauf pour le tibia, où les épines
proximales ne sont pas prises en compte, quant au fémur c'est
la longueur hors tout et non la longueur en
position qui est prise en compte.
Il est
important de noter que l'établissement de la taille, suppose
d'avoir préalablement déterminé, avec certitude, le
sexe
et le
phénotype
cutané
[leucoderme (caucasiens) - xanthoderme (mongoloïde) -
mélanoderme (négroïde)] de l'individu adulte. On comprend
donc qu'il y aura une (ou plusieurs!) équation adaptée à
chaque cas.
A tire
d'exemple les tableaux suivants (tab.3 à 6) sont amplement
démonstratifs de la méthodologie utilisée : on remarquera que,
la plupart du temps, ce sont les travaux de Trotter et Gleser
qui sont repris et modernisés.
Tableau 3 :
Equations d'estimation de la
stature chez les
Leucodermes
et les Mélanodermes (sexes
séparés)
|
Leucodermes
(Caucasiens)
|
Hommes
|
Femmes
|
longueur (cm) os
long
|
x
|
+ cms
|
+/- SD
|
longueur(cm) os
long
|
x
|
+ cms
|
+/- SD
|
Humérus
|
3.08
|
70.45
|
4.05
|
Humérus
|
3.36
|
57.97
|
4.45
|
Radius
|
3.78
|
79.01
|
4.32
|
Radius
|
4.74
|
54.93
|
4.24
|
Ulna
|
3.70
|
74.05
|
4.32
|
Ulna
|
4.27
|
57.76
|
4.30
|
Fémur
|
2.38
|
61.41
|
3.27
|
Fémur
|
2.47
|
54.10
|
3.72
|
Tibia
|
2.52
|
78.62
|
3.37
|
Tibia
|
2.90
|
61.53
|
3.66
|
Fibula
|
2.68
|
71.78
|
3.29
|
Fibula
|
2.93
|
59.61
|
3.57
|
Fémur + tibia
|
1.30
|
63.29
|
2.99
|
Fémur + tibia
|
1.39
|
53.20
|
3.55
|
Mélanodermes
(Négroïdes)
|
Hommes
|
Femmes
|
longueur (cm) os
long
|
x
|
+ cms
|
+/- SD
|
longueur(cm) os
long
|
x
|
+ cms
|
+/- SD
|
Humérus
|
3.26
|
62.10
|
4.43
|
Humérus
|
3.08
|
64.67
|
4.25
|
Radius
|
3.42
|
81.56
|
4.30
|
Radius
|
2.75
|
94.51
|
5.05
|
Ulna
|
3.26
|
79.29
|
4.42
|
Ulna
|
3.31
|
75.38
|
4.83
|
Fémur
|
2.11
|
70.35
|
3.94
|
Fémur
|
2.28
|
59.76
|
3.41
|
Tibia
|
2.10
|
86.20
|
3.78
|
Tibia
|
2.45
|
72.65
|
3.70
|
Fibula
|
2.19
|
85.65
|
4.08
|
Fibula
|
2.49
|
70.90
|
3.80
|
Fémur + tibia
|
1.15
|
71.04
|
3.53
|
Fémur + tibia
|
1.26
|
59.72
|
3.28
|
Tableau 4 :
Taille* (en cm) des Xanthodermes (Mongoloïdes) à
partir de la longueur des os longs
(sexes
séparés)**
|
Hommes
|
Squelette
complet
|
Stature = 2.52
radius - 0.07 ulna + 0.44 humérus + 2.98 fibula
-0.49 tibia + 0.68 fémur + 95.113 +/-
2.614
|
Fémur
|
Stature = 2.26 fémur
+ 66.379 +/- 3.417
|
Tibia
|
Stature = 1.96 tibia
+ 93.752 +/- 2.812
|
Femmes
|
Squelette
complet***
|
Stature = 8.66
radius - 7.37 ulna + 1.25 tibia - 0.93 fémur +
96.674 +/-2.812
|
Fémur
|
Stature = 2.59 fémur
+ 49.742 +/- 3.816
|
Tibia
|
Stature = 2.72 tibia
+ 63.781 +/- 3.513
|
Tableau 5 :
Equations d'estimation de la stature chez
les
Leucodermes
*
|
Hommes
|
Femmes
|
Indeterminés
|
Longueur
(cm)
|
x
|
+ cms
|
+/- SD
|
x
|
+ cms
|
+/- SD
|
x
|
+ cms
|
+/- SD
|
Humérus
|
3.93
|
42.41
|
4.83
|
4.19
|
32.73
|
4.65
|
3.95
|
41.05
|
4.83
|
Radius
|
5.27
|
42.05
|
5.03
|
6.01
|
26.78
|
4.45
|
5.30
|
41.97
|
5.00
|
Ulna
|
5.17
|
34.95
|
5.11
|
5.63
|
25.53
|
4.55
|
5.18
|
35.18
|
5.09
|
Fémur
|
2.85
|
40.66
|
4.14
|
2.88
|
36.54
|
3.83
|
2.85
|
39.20
|
4.13
|
Tibia
|
3.18
|
53.36
|
4.05
|
3.44
|
42
|
3.68
|
3.19
|
51.77
|
4.04
|
Tableau 6 :
statures féminines et masculines des leucodermes
(caucasiens) en cm
(in
Olivier, 1969)
|
|
|
Estimation de la taille à partir de diaphyses
incomplètes
Une difficulté
importante est posée par des os longs retrouvés à l'état
fragmentaire. On doit à G.Müller, la première tentative
(1935)
pour résoudre ce problème : il a arbitrairement divisé
l'humérus en 5 segments, le radius en 4 et le tibia,
en 6 en établissant pour chaque fragment le % par rapport à la
longueur totale de
l'os.
Steele & Kern (1969) et
Steele
(1970) ont repris la même problématique, en retenant
l'humérus, divisé en 5 fragments, le fémur en 4 et le tibia en
5 (fig. et tab.7) : la longueur du segment étant connue, ainsi
que son % par rapport à la longueur totale de l'os
équivalent, il est alors possible de calculer la longueur
"théorique" de l'os auquel appartenait le fragment retrouvé :
longueur du segment x 100 / %. Cette longueur "théorique" est
ensuite transformée en longueur maximum [= longueur retenue
pour l'estimation de la taille (d'après les tables de Trotter
et Gleser)] selon les formules suivantes :
-
fémur : longueur maximum
(pas de différence selon les sexes) = longueur "théorique"
+ 0.09cm
-
humérus : longueur maximum
(pas de différence selon les sexes) = longueur
"théorique"
-
tibia masculin : longueur
maximum = longueur "théorique"-0.54cm
-
tibia féminin : longueur
maximum (pas de différence selon les sexes) = longueur
"théorique"-0.04cm.
Figure : Segments
*retenus par
Steele & Kern
(1969) ** pour l'humérus, le fémur et le
tibia.
|
|
* Chaque segment de
l'os est compris entre deux lignes numérotées.
Pour le fémur, par exemple, divisé en 4 segments :
F1 correspond à l'espace entre les lignes 1 et
2, F2, entre 2 et 3, F3, entre 3 et
4 et F4, entre 4 et 5.
** in
El Najjar & Mc Williams (1978 :
98).
|
Tableau 7 :
Formules de régression pour calculer la stature du
vivant (cm) à partir d'un fémur
incomplet*
|
Hommes
leucodermes (caucasiens)
|
2.71(F2) + 3.06(F3)
+ 73.00 = stature +/- 4.41 cm
|
2.89(F1) + 2.31(F2)
+ 2.62(F3) + 63.88 = stature +/-
3.93 cm
|
2.35(F2) + 2.65(F3)
+ 7.92(F4) + 54.97 = stature +/-
3.95 cm
|
Femmes
leucodermes (caucasiennes)
|
2.80(F2) + 1.46(F3)
+ 76.67 = stature +/- 4.91 cm
|
2.16(F1) + 2.50(F2)
+ 1.45(F3) + 68.86 = stature +/- 4.81cm
|
2.57(F2) + 1.21(F32)
+ 5.03(F4) + 66.05 = stature +/-
4.77 cm
|
Hommes
mélanodermes
(négroïdes)
|
2.59(F2) + 2.91(F3)
+ 75.74 = stature +/- 3.72 cm
|
1.209(F1) +
2.481(F2) + 2.78(F3) + 69.94 = stature +/-
3.71 cm
|
2.53(F2) + 2.84(F3)
+ 2.40(F4) + 68.32 = stature +/-
3.72 cm
|
Femmes
mélanodermes
(négroïdes)
|
2.12(F2) + 1.68(F3)
+ 93.29 = stature +/- 6.17cm
|
3.63(F1) + 1.86(F2)
+ 1.27(F3) + 77.15 = stature +/-
5.80 cm
|
2.00(F2) + 1.08(F3)
+ 6.32(F4) + 77.71 = stature +/-
6.01 cm
|
7.3 - Détermination de la taille chez l'enfant
La stature des enfants et
des sub-adultes est difficile à estimer : la méthode la plus
classique prend en compte la diaphyse fémorale (tab.8).
Tableau 8 :
stature* de l'enfant et du sub-adulte en
fonction de la longueur de la diaphyse
fémorale
|
diaphyse (cm)
|
taille(cm)
|
diaphyse (cm)
|
taille(cm)
|
diaphyse (cm)
|
taille(cm)
|
8
|
50
|
15.5
|
94.5
|
26
|
13.0.25
|
8.5
|
55
|
16
|
96.75
|
27
|
133.25
|
9
|
58.5
|
16.5
|
99.25
|
28
|
135.075
|
9.5
|
61.5
|
17
|
101.5
|
29
|
138.5
|
10
|
64.5
|
17.5
|
103.5
|
30
|
141
|
10.5
|
67.5
|
18
|
105.5
|
31
|
143.5
|
11
|
70
|
18.5
|
107.5
|
32
|
146
|
11.5
|
73
|
19
|
109.5
|
33
|
148.75
|
12
|
76.5
|
19.5
|
111
|
34
|
151
|
12.5
|
79
|
20
|
114
|
35
|
153.75
|
13
|
81.5
|
21
|
116
|
36
|
156
|
13.5
|
84.5
|
22
|
119
|
37
|
158.75
|
14
|
87
|
23
|
122
|
38
|
161.75
|
14.5
|
89.5
|
24
|
125
|
39
|
165
|
15
|
93
|
25
|
127.5
|
40
|
170
|
7.4 - Détermination de la taille foetale
En
anthropologie archéologique mais surtout judiciaire, il
peut être fondamental de connaître la taille d'un fœtus
qui permet, théoriquement, de déterminer son âge
gestationel. Cependant ceci reste très problématique, d'autant
que peu de travaux ont été effectués dans ce domaine (Olivier
& Pineau,
1958,
1960 - Fazekas & Kosa,
1966,
1978 -
Stewart, 1979 -
Kosa,
1989 -
Huxley & Jimenez, 1996).
Olivier & Pineau (
1958) ont été les premiers à tenter de
déterminer, à partir de diaphyses désséchées, la taille
foetale. Ils ont retenu les 6 équations suivantes (Olivier
& Pineau,
1960) :
-
7.92 (longueur de l'humérus)
- 0.32 +/- k 1.8 cm
-
10.8 (longueur du
radius) - 2.85 +/- k 1.62 cm
-
8.73 (longueur de l'ulna) -
1.07 +/- k 1.59 cm
-
6.29 (longueur du
fémur) + 4.42 +/- k 1.82 cm
-
7.85(longueur de la fibula)
+ 2.78 +/- k 1.65 cm
-
7.39 (longueur du tibia) +
3.55 +/- k 1.92 cm
Ces équations permettent,
théoriquement (on sait, en effet, que pour le même âge
certains fœtus sont plus grands que d'autres) d'estimer l'âge
du fœtus (tab.9).
Tableau 9 :
âge d'un fœtus *en fonction de sa taille
|
Taille foetale
(cm)
|
Mois lunaires
|
Taille foetale
(cm)
|
Mois lunaires
|
Taille foetale
(cm)
|
Mois lunaires
|
17.65
|
4.25
|
32.23
|
6.25
|
42.79
|
8.25
|
19.81
|
4.50
|
33.72
|
6.50
|
43.84
|
8.50
|
21.88
|
4.75
|
35.15
|
6.75
|
44.97
|
8.75
|
23.80
|
5
|
36.52
|
7
|
46.04
|
9
|
25.60
|
5.25
|
37.85
|
7.25
|
47.07
|
9.25
|
27.40
|
5.50
|
39.13
|
7.50
|
48.08
|
9.50
|
29.08
|
5.75
|
40.37
|
7.75
|
49.06
|
9.75
|
30.69
|
6
|
41.58
|
8
|
50.02
|
10
(naissance)
|
Des travaux postérieurs à ceux
d'Olivier & Pineau (
Fazekas & Kosa, 1978 -
Huxley & Jimenez (1996) ont montré que, les
équations proposées par ces deux auteurs (
1960) pour le radius, donnaient une taille surestimée de
10 cm et un âge supérieur d'environ 3 mois lunaires par
rapport aux calculs effectués avec les autres os, ce qui
n'était pas le cas avec les formules publiées anciennement (
1958). Il est donc important, en anthropologie judiciaire,
de redoubler de prudence lorsque le radius s'avère être le
seul os disponible lors d'une expertise foetale.
7.5 -
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