5.1 - Introduction
La diagnose de l'âge
d'un sujet décédé est fondamentale,
particulièrement dans le domaine judiciaire. Il
est bon de rappeler que l'âge administratif qui
démarre à la naissance oublie purement et
simplement les neuf mois de maturation
intra-utérine : détail qui peut être utile à
garder en mémoire lors de l'expertise
anthropologique.
La détermination de
l'âge au moment de la mort est délicate à réaliser
: de très nombreux auteurs s'y sont intéressés
avec plus ou moins de succès, aucune technique
n'étant vraiment infaillible. Ainsi que le montre
bien
A.Schmitt (2002) : " l'ensemble des
méthodes actuelles manque de fiabilité, d'une
part, à cause de la variabilité de la
sénescence et la valeur des indicateurs osseux,
d'autre part, à cause d'écueils
méthodologiques tels que le manque de rigueur du
recours à la régression linéaire pour estimer
l'âge, en particulier à partir des structures
histologiques osseuses".
Nous souscrivons
entièrement aux remarques précédentes et c'est
avec circonspection que nous demandons au lecteur
de parcourir, dans le cadre de ce précis, les
différentes méthodes retenues :
sutures
craniennes
,
denture
,
dentition
, cage thoracique (
première et
quatrième paire de côtes), bassin (
analyse morphométrique de l'ischion et de
l'ilion,
symphyse pubienne),
ossification,
radiologie et les
méthodes mathématiques (faisant appel aux
techniques statistiques, voire même celles
probabilistiques bayésiennes).
Pour les autres
méthodes telles : histologie ; examen du
cartilage thyroïdien, du sternum, de la
scapula, du rachis, nous renvoyons le lecteur au
mémoire d'
Abdelhamid
Grait.
5.2 - Sutures craniennes
5.2.1 -
Généralités
La prise en compte
de l'état de fermeture (=
synostose) des sutures craniennes est, de
loin, la méthode la plus classique d'estimation de
l'âge au décès :
Broca (1875) -
Schmitt (1888) -
Bolk ( 1915) - Todd & Lyon (
1924,
1925 a,
b &
c) -
Vallois (1944) -
Martin & Saller (1958) -
Olivier (1960) -
Acsadi & Nemeskeri, 1970 -
Meindl & Lovejoy (1985) -
Saunders et al (1992) -
Soulier & Perrot (1993), (
Solomon, 2001),
etc.
Discréditée, entre
autres, par
Singer (1953) -
Mc Kern & Stewart (1957) -
Powers (1962),
Masset (1989),
Hershkovitz et al.(1997) elles n'en restent
pas moins -à notre avis - un élément
incontournable dans la diagnose de l'âge, en
particulier si on l'utilise couplée avec une autre
technique telle que l'
examen
dentaire.
5.2.2 - Méthodologie
Les os craniens
s'articulent entre eux, selon une ligne plus ou
moins régulière où il est possible de déterminer
un certain nombre de segments
(pars
) : de manière
constante, on peut remarquer que le deuxième
segment (C2, S2 et L2) montre le tracé le plus
complexe (tab.1) :
Tableau 1 : les différentes sutures
craniennes [Dessin R.
Perrot]
(
cliquer
sur le schéma pour
l'agrandir
)
|
Suture
|
segments
(
pars
)
|
points
craniométriques
|
métopique
|
M1
|
pars
nasica
|
NASION
|
M2
|
pars
bregmatica
|
BREGMA
|
coronale
|
C1
|
pars
bregmatica
|
C2
|
pars
complicata
|
|
C3
|
pars
pteriga
|
PTERION
|
sagittale
|
S1
|
pars
bregmatica
|
BREGMA
|
S2
|
pars
verticis
|
|
S3
|
pars
obelica
|
obélion
|
S4
|
pars
lambdica
|
LAMBDA
|
lambdoïde
|
L1
|
pars
lambdica
|
L2
|
pars
media
|
|
L3
|
pars
asterica
|
ASTERION
|
|
|
La technique
consiste à examiner le degré d'ossification de
chaque segment, dont les
stades ont été bien décrits par
Martin (1958) : l'âge retenu sera une
synthèse de l'ensemble des observations.
Classiquement un début de synostose pour les
quatre segments de la suture sagittale permet
d'avancer un âge autour de 40 ans.Il est important
de noter que la
suture métopique n'obéit pas au schéma
général d'ossification des autres sutures et, de
ce fait elle
ne doit pas être pris en compte.
Dans le tableau
suivant, en plus des travaux classiques ( Todd
& Lyon (
1924,
1925 a,
b &
c) -
Vallois, 1944 : adapté par
Olivier en 1960 -
Martin, 1958), il était intéressant de
résumer le travail d'
Acsadi & Nemeskeri (1970), qui font la
distinction entre les tables externe
et interne de la boîte cranienne
(tab.2).
Tableau 2 : chronologie de la
synostose des sutures craniennes.
|
Sutures
[
fig]
|
Todd
& Lyon
(1925)
|
Martin
(1958)
|
Vallois
(1944)
Olivier
(1960)
|
Age
en fonction du
stade de synostoses des
sutures (
Acsadi & Nemeskeri,1970)
|
table
externe
|
table
interne
|
1
|
2
|
3
|
4
|
1
|
2
|
3
|
4
|
métopique
|
M1
|
|
|
1-6
ans
|
|
|
M2
|
1-3
ans
|
coronale
|
C1
|
24-38
ans
|
40-50
ans
|
25-70
ans
|
age
indifférent
|
25-60
ans
|
rarement
atteint
|
15-19
ans
|
24
ans
|
25-30
ans
|
C2
|
24-38
ans
|
très
tard
|
30-70
ans
|
C3
|
26-41
ans
|
30-40
ans
|
25-55
ans
|
sagittale
|
S1
|
22-35
ans
|
40-50
ans
|
20-60
ans
|
20-24
ans
|
40
ans
|
60
ans
|
15-19
ans
|
20-24
ans
|
70
ans
|
S2
|
30-40
ans
|
20-60
ans
|
S3
|
20-30
ans
|
20-45
ans
|
S4
|
30-40
ans
|
20-60
ans
|
lambdoïde
|
L1
|
26-42
ans
|
après 50
ans
|
25-70
ans
|
|
70ans
|
|
|
70
ans
|
|
L2
|
26-47
ans
|
50
ans
|
30-60
ans
|
L3
|
26-50
ans
|
très
tard
|
après 60
ans
|
temporo-pariétale
|
|
après 65
ans
|
|
|
Dans certains cas, la suture métopique (=
sutura frontalis) persiste : normalement
elle se ferme à l'âge de trois à six ans mais elle
peut rester ouverte, soit complètement, soit
partiellement au niveau du nasion, en M1.
Cette anomalie, non pathologique (à signaler que
pendant un certain temps, on la considérait comme
liée au rachitisme) est qualifiée de
métopisme. Son déterminisme est
génétique, familial, et se retrouve chez 8%
environ des sujets de phénotype leucoderme.
Stades
de synostose (Martin)
|
0
|
suture
ouverte
|
1
|
début
de synostose
|
2
|
synostose
avec traces bien visibles
|
3
|
suture
floue
|
4
|
synostose
sans traces visibles
|
5.3 - Denture
5.3.1 -
Généralités
L'étude de la
denture [forme, nombre des dents sur les
mâchoires] est un des éléments les plus classiques
pour la détermination de l'âge. Les trois facteurs
qui entrent en ligne de compte sont : la
dentition, l'usure (abrasio) et le
vieillissement dentaire. Le premier facteur permet
une évaluation de l'âge jusqu'à 15 ans environ; le
second ne possède qu'une valeur relative après
cette période, tandis que le troisième permettra
un diagnostic beaucoup plus exact.
L'anthropologue, non spécialisé en odontologie, ne
possède que des notions rudimentaires en ce qui
concerne cette science et sa terminologie
technique : il est donc préférable qu'un dentiste
fasse cet examen.
5.3.2 - Bref rappel anatomique
Une dent comprend la
couronne, le collet, la racine et l'apex. La
couronne est recouverte d'émail et la racine, de
cément. La partie centrale est formée de dentine,
dans laquelle se trouve la chambre pulpaire qui se
rétrécit vers l'apex, et contient les vaisseaux
sanguins et le nerf dentaire.
La denture humaine
comporte classiquement 20 dents chez l'enfant
(denture déciduale, ou de lait, ou temporaire) et
32 chez l'adulte (denture définitive). Incisives
et canines constituent les dents labiales
(également groupe incisivo-canin), prémolaires et
molaires constituent les dents jugales
Pour chaque dent on
détermine cinq faces dont le nom est précisé
par une nomenclature internationale (
Olivier, 1960 ) :
-
face
masticatrice [anciennement face occlusale ou
triturante] avec les tubercules [anciennement
cuspides].
-
face linguale [
facies lingualis = anciennement face
palatine] : la face interne par rapport à
l'axe médian.
-
face labiale
[facies labialis = anciennement face
vestibulaire ou linguale] : la face externe
par rapport à l'axe médian.
-
faces de contact
[anciennement faces proximales](entre les
dents de la même rangée).
A ces faces s'en
ajoutent quatre autres en fonction du groupe de
dents :
-
dents labiales
:
-
face médiale
[ facies medialis = anciennement
face mésiale] : interne par
rapport à l'axe médian.
-
face
latérale [ facies lateralis =
anciennement face distale] :
externe par rapport à l'axe médian.
-
dents jugales
:
-
face
antérieure [ facies anterior
=anciennement face mésiale].
-
face
postérieure [ facies posterior =
anciennement face distale].
Il est à remarquer
que les termes vestibulaire, lingual, mésial
et distal, bien qu'obsolètes depuis 40 ans sont
toujours présents dans la littérature
odontologique française! Heureusement qu'il n'en a
pas été de même pour la désignation de
l'emplacement des dents sur les deux
mâchoires!
Jusqu'en 1972, en
effet, on procédait de la façon suivante : les
deux mâchoires étant supposées ouvertes, en
position anatomique face à l'observateur, les
dents étaient alors numérotées d'avant en arrière
de I à V pour les dents déciduales et de 1 à 8
pour les dents définitives.
Leur position droite
ou gauche était indiquée par une initiale suivant
le chiffre : D ou G pour les dents supérieures, d
ou g pour celles mandibulaires. Exemple: 3g est la
canine adulte inférieure gauche.
En 1973, la
Fédération Dentaire Internationale (F.D.I.) a
adopté un système binaire, le premier chiffre
indiquant le quadrant dentaire ( quadrants 1 à 4
pour les dents permanentes, 5 à 8 pour celles
déciduales), le second chiffre, le type de dent et
sa position sur l'arcade dentaire : c'est ainsi
que la canine adulte inférieure gauche qui était
3g dans l'ancienne nomenclature, devient
donc
33
dans la nomenclature
F.D.I. (aucune confusion n'étant donc possible
avec une quelconque autre dent)( tab.3 et
4).
Tableau 3 :dents
permanentes
(définitives, adultes)
|
(1)
hémi-maxillaire droit
|
(2)
hémi-maxillaire gauche
|
M
|
PM
|
C
|
I
|
I
|
C
|
PM
|
M
|
18
|
17
|
16
|
15
|
14
|
13
|
12
|
11
|
21
|
22
|
23
|
24
|
25
|
26
|
27
|
28
|
48
|
47
|
46
|
45
|
44
|
43
|
42
|
41
|
31
|
32
|
33
|
34
|
35
|
36
|
37
|
38
|
M
|
PM
|
C
|
I
|
I
|
C
|
PM
|
M
|
(4)
hémi-mandibule droite
|
(3)
hémi-mandibule gauche
|
Tableau 4 :
dents
temporaires (lactéales,
déciduales)
|
(5)
hémi-max D
|
(6)
hémi-max G
|
M
|
C
|
I
|
I
|
C
|
M
|
55
|
54
|
53
|
52
|
51
|
61
|
62
|
63
|
64
|
65
|
85
|
84
|
83
|
82
|
81
|
71
|
72
|
73
|
74
|
75
|
M
|
C
|
I
|
I
|
C
|
M
|
(8)
hémi-mand D
|
(7)
hémi-mand G
|
5.3.3 - Dentition
Souvent confondu avec
denture, le terme de dentition désigne le
phénomène d'apparition des dents (tab.5). Chez les
mammifères se succèdent, dans le temps, deux
dentitions, chacune correspondant à une denture
précise :
Tableau 5 :
liens dentition/denture
|
dentition
|
denture
|
caractéristiques
|
lactéale
|
lactéale, temporaire, déciduale
|
20 dents : I, C et M. Pas de PM
|
adulte
|
adulte, permanente, définitive
|
32 dents : I, C, PM et M
|
L'examen attentif de la denture d'un
sujet, permet donc d'approcher son âge,
particulièrement s'il s'agit d'enfants ou de
jeunes adultes (jusqu'à une vingtaine d'années).
On notera que l'âge d'éruption est variable
selon la dent, sa nature maxillaire ou
mandibulaire, le sexe de l'enfant. Les
datations fournies par Tisserand-Perrier &
Aubenque (tab.6) montrent la complexité de la
diagnose de l'âge dentaire, on peut cependant
noter que la première molaire adulte, remplaçant
la première molaire de lait, apparaît autour
de 6 ans, justifiant son nom de "dent de 6 ans"
(tab.7). Dans l'absolu on pourra retenir comme âge
celui correspondant globalement à la dent sortie
la dernière, en faisant bien sur abstraction de la
troisième molaire, souvent agénésique et à
l'éruption variable quand elle est
présente.
Tableau
6 :
éruption des dents déciduales (en mois
et jours)
|
Dents
|
Legoux
(1)
|
Tisserand-Perrier & Aubenque
(1958)
|
Novotny
(1993)
(1-2)
|
Garçons
|
Filles
|
Moyenne +/- SD
|
Moyenne +/- SDe
|
Mx
|
M
|
2
|
24
|
24 m.7 j. ± 6 m. 14 j.
|
24 m.24 j. ±6 m. 18 j.
|
22-27.5
|
1
|
14
|
14 m.24 j. ± 2 m. 16 j.
|
14 m.23 j. ± 2 m. 15 j.
|
14-16
|
C
|
|
18
|
17 m.18 j. ± 3 m.7 j.
|
18 m.5 j. ± 3 m. 9 j.
|
18-19.1
|
I
|
2
|
9
|
10 m.6 j. ± 2 m. 25 j.
|
10 m.23 j. ± 2 m. 25 j.
|
8-12.5
|
1
|
7.5
|
8 m.14 j. ± 2 m. 5 j.
|
9 m.0 j. ± 2 m. 4 j.
|
7.5-10.6
|
Md
|
I
|
1
|
6
|
7 m.6 j. ± 2 m.11 j.
|
7 m.9 j. ± 2 m. 6 j.
|
6-8.3
|
2
|
7
|
11 m.9 j. ±3 m.0 j.
|
11 m.19 j. ± 2 m. 27 j.
|
7-14
|
C
|
|
16
|
18 m.0 j. ± 3 m. 4 j.
|
18 m.6 j. ± 3 m. 6 j.
|
18-19.1
|
M
|
1
|
12
|
15 m.3 j. ± 2 m. 15 j.
|
14 m.27 j. ± 2 m. 18 j.
|
14-16.6
|
2
|
20
|
23 m.28 j. ±3 m. 20 j.
|
24 m.18 j. ± 3 m.23 j.
|
21.7-26.5
|
1- sexes
confondus
2 - La
distinction est faite en fonction des
populations : Egypte, Tunisie,
Etats-Unis, Canada et Nouvelle Guinée
mais nous n'avons pas retenu ce
dernier facteur ici.
|
* La
distinction est faite non seulement au
niveau des sexes mais également en
fonction des populations : Europe,
Etats-Unis, Egypte, Japon, mais nous
n'avons pas retenu ce dernier facteur
ici.
|
En se basant sur la dentition, Martin classe les
non-adultes en trois catégories:
1. Infans I : de la naissance à
l'éruption de M1 (±7 ans).
2. Infans II : de l'éruption de M1 à
celle de M2 (13-16 ans).
3. Juvenis : de l'éruption de M2
jusqu'à l'ossification de la
synchondrosis spheno-occipitalis.
pour les adultes ensuite, il distingue:
4. Maturus : début de l'usure
dentaire (!) et début de la synostose des sutures
crâniennes.
5. Senilis : synostose terminée des
sutures crâniennes et perte considérable de dents,
avec oblitération des alvéoles
correspondantes.
5.3.4
- L'usure dentaire
(
abrasio
)
L'abrasion dentaire [dental wear des
auteurs anglo-saxons ( Brothwell, 1965 - Smith,
1984 -
Walker et al, 1991 -
Steckel et al, 2005)] est un processus
mécanique d'usure, dû à la friction des faces
masticatrices des dents lors de la mastication. Ce
processus est favorisé par la présence éventuelle
de petites particules dures, telles que granules
siliceux provenant de meules granitiques. Jusqu'au
xx° siècle une usure importante apparaissait chez
les femmes esquimaudes qui passaient beaucoup de
temps à mâcher des peaux de phoques (préalablement
macérées dans l'urine) pour en confectionner des
vêtements : il n'est donc pas impossible qu' une
usure anormale fasse intervenir également des
facteurs chimiques.
Broca a distingué 4 degrés d'usure dentaire
(tab.8).
Tableau 8 :
degrés de l'usure dentaire selon
Broca
|
degrés
|
aspect de la dent
|
0
|
pas de traces d'usure
|
1
|
usure de l'émail
|
2
|
usure de l'émail et d'une partie de la
dentine
|
3
|
usure complète de l'émail : la face
masticatrice de la dent ne présente
plus que la dentine
|
4
|
usure de la moitié de la dent, mettant
à nu la cavité pulpaire
|
Brothwell (1965) a essayé de tirer profit de
l'usure dentaire pour une évaluation de l'âge,
l'abrasion étant en relation directe avec
l'
éruption dentaire. Mais comme elle ne se
montre pas identique pour les diverses
populations, il s'avère nécessaire de comparer le
degré d'usure de chaque élément-type, à l'âge
donné, par exemple, par la facette symphysaire
Dans sa tentative sur la population de Maiden
Castle,datée de l'Age du Fer, il ne considère que
les molaires, pour lesquelles il décrit 7 stades
principaux et 5 secondaires (tab.9).
Tableau 9 :
chronologie
de l'usure dentaire
|
stade
|
aspect
de la face occlusale
|
âge
estimé
|
1
|
sans trace d'usure
|
17-25 ans
25-35ans
35-45 ans
|
2
|
usure de l'émail uniquement
|
2+
|
usure de l'émail et mise à nu d'une
superficie restreinte de dentine d'un
seul tubercule
|
3-
|
mise à nu restreinte de la dentine de
trois tubercules sans
confluence
|
3
|
l'usure, s'étend de manière à ce que
les plaques de dentine de deux ou
trois tubercules confluent
|
4+
|
les plaques de dentine des quatre
tubercules sont reliées par des ponts
de dentine
|
5
|
les ponts de dentine ont atteint une
largeur égale et l'espace restant du
côté labial est fortement
réduit
|
5+
|
disparition complète de l'émail et
éventuellement du bord, par l'usure
dans le sens oblique
|
5++
|
plus de la moitié de la couronne est
atteinte, y compris la cavité
pulpaire
|
6
|
la couronne entière a disparu et les
canaux sont mis à nu
|
>
45 ans
|
7
|
les racines subsistent seules
|
La lecture du tableau montre à l'évidence le peu
de fiabilité de la méthode, en effet les limites
théoriques de la tranche d'âge 25-35 ans
peuvent s'étendre du stade 2 à celui 5+ recoupant
de ce fait la marge supérieure de 17-25 ans (stade
3) et la marge inférieure de 35-45 ans (stade 4)!
En fait seuls les stades 6 et 7 montrent, avec une
relative certitude, que le sujet a dépassé
45 ans.
5.3.5
- Le vieillissement dentaire
Si Brothwell (1965) a tenté d'évaluer l'âge
approximatif en se référant à l'
usure dentaire, Gustafson (
1950) a procédé de la même façon mais en
ajoutant 6 éléments caractérisant le
vieillissement dentaire, pour chacun est donnée
une cotation de [0] à [3] (tab10). :
Tableau 10 :
chronologie
du
vieillissement dentaire
|
1
|
L'usure [abrasion, wear, attrition
(= A)]
|
A0 =
absence d'usure
|
A1 =
début d'usure de
l'émail
|
A2 =
usure nette de l'émail
|
A3 =
l'usure atteint la cavité
pulpaire
|
2
|
La formation de dentine secondaire
(= S)
|
S0 =
absence de dentine secondaire
|
S1 =
début de formation de dentine
secondaire dans la partie supérieure
de la cavité pulpaire
|
S2
= la cavité pulpaire est à moitié
remplie
|
S3 = la
cavité pulpaire est complètement (ou
presque) remplie de dentine
secondaire
|
3
|
La périodontose (= P)
|
P0 =
absence de périodontose
|
P1 =
périodontose débutante
|
P2 =
périodontose le long du premier tiers
de la racine
|
P3 = la
périodontose a envahi plus de 2/3 de
la racine
|
4
|
Le dépôt accru de cément (=
C)
|
C0 =
couche normale de cément
|
C1 =
couche un peu plus épaisse que la
normale
|
C2 =
couche épaisse de ciment
|
C3 =
couche très épaisse de cément
|
5
|
La résorption de la racine (=
R)
|
R0 =
absence de résorption visible de la
racine
|
R1
= résorption
de la racine uniquement par petits
endroits isolés
|
R2 =
perte considérable de substance
|
R3 =
zones étendues de cément et de dentine
impliquées
|
6
|
La transparence de la racine
(= T)
|
T0 =
aucune transparence
|
T1 =
début de transparence
|
T2 =
transparence du tiers apical de la
racine
|
T3 =
transparence des 2/3 apicaux de la
racine
|
7
|
L'oblitération du canal
radiculaire
|
Pendant le développement
de la
dent, la largeur de ce canal est en
proportion directe de l'âge de la
personne. Ce fait constitue donc un
facteur absolu pour la détermination
de l'âge d'enfants, mais n'intervient
pas pour celui de personnes plus âgées
ou adultes
|
L'examen se fait sur
une seule dent. Les troisièmes molaires sont à
éviter. Cet examen se fait à l'œil nu pour les
facteurs 1, 2 et 6 ; l'intervention du microscope
est nécessaire pour les facteurs 3, 4 et 5
(éventuellement aussi pour le facteur 6).
II est souhaitable
que chaque chercheur établisse d'abord son propre
diagramme au moyen d'une certaine quantité de
dents provenant de personnes d'âge connu. Pour
cette raison, la méthode conviendra surtout pour
l'examen médico-légal, plutôt que pour celui de
restes humains archéologiques. Pour ces derniers,
un examen préalable de la facette symphysaire sera
nécessaire, afin d'évaluer au mieux l'âge
approximatif, compte tenu d'autres cas où cette
facette symphysaire serait perdue. Une graphique
indiquera, en abscisse, l'âge et en ordonnée le
chiffre de valeur. Avec ces données, on calcule la
courbe-standard. Il y a lieu de tenir compte de
divergences, difficiles à évaluer, mais qui
peuvent modifier les résultats obtenus. Une
hygiène dentaire améliorée peut, par exemple,
donner des valeurs d'âge plus élevées.
La préparation des
coupes longitudinales après décalcification n'est
pas absolument nécessaire: le rabotage de la dent
suffit.
La technique
(difficile) de Gustafson consiste à faire la
somme de la cotation attribuée à chacun des
6 caractères retenus, sachant que la
cote [1] équivaut à 4.56 ans et qu'il
faut ajouter à ce chiffre, 12 ans,
correspondant à la durée de la vie infantile. A
titre d'exemple de calcul de l'âge, nous proposons
les trois formules suivantes :
1. A0 + P0 +
S0 + C0 + R0 + T0 = 0 points = 12 ans
[(0) +12]
2. A2 + P1 +
S2 + C1 + R1 + T1 = 8 points = 49 ans
[(8 x 4.65) +12]
3. A3 + P2 +
S2 + C2 + R0 + T2 = 11 points = 67 ans [(11 x
4.65) +12]
A noter que la technique de Gustafson présentant
un certain nombre de difficultés (
Maples et al, 1979) a été reprise et
quelque peu simplifiée pour la rendre plus
opérationnelle (
Kashyap
et al,
1990 -
Lamendin
et
al
, 1992). Cependant la technique Lamendin
présente des limites :
-
elle n'est pas applicable aux
individus de 0 à 20 ans, car l'équation
utilisée comporte une constante de 25
ans. En effet l'âge est obtenu par la
somme suivante : 0.18P [ = parodontose
( hauteur de la parodontose, au niveau du
collet de la dent, x 100/hauteur de la racine]
+ 0.42T [ = translucidité (hauteur de
dentine transparente, à la base de la racine,
x 100/hauteur de la racine] +
25.53 [ = constante déjà signalée]
-
on a constaté, que la translucidité
radiculaire, une des bases morphologiques de
la méthodologie, disparaissait au niveau des
dentures archéologiques ou historiques, suite
à l'intervention de facteurs taphonomiques
inconnus (
Megyesi
et a
l, 2006)
.
Il est évident que ce problème ne se présente
pas dans le domaine judiciaire, à plus forte
raison - et ceci paraît fortement souhaitable
- si on associe à la méthode
Lamendin, l'examen des sutures craniennes (par
exemple selon
Meindl-Lovejoy,1985) : l'association
des deux techniques, a montré en effet
une grande fiabilité dans la détermination de
l'âge au décès (
Bednarek
et al
, 2002).
Pour
terminer signalons un travail récent (
Jousset
et al
, 2006) dans lequel ont été utilisés
conjointement les critères de Gustafson et la
méthode Lamendin : la comparaison montre la
fiabilité des âges déterminés et pas de
différence significative pour les 30-60 ans. Par
contre on note une divergence au delà de 60 ans où
Lamendin se révèle plus précis.
5.4 - Gril costal
La cage thoracique
est constituée de 12 paires de côtes, 7 d'entre
elles s'articulant à la fois sur les vertèbres
thoraciques et sur le sternum. L'extrémité
sternale est particulièrement intéressante, car
l'articulation costo-sternale subit un remaniement
lié à l'âge du sujet et peut donc servir de
marqueur chronologique. Classiquement la
quatrième côte paraît être la mieux corrélée
avec l'âge, suivie des 3ème et 5ème côte (
Grait, 2006, p.27) mais nous avons jugé utile
d'ajouter les méthodes récentes consacrées à la
première côte.
5.4.1 - Première côte
Moins classique que
les méthodes basées sur l'examen de la
4ème côte ou de la
symphyse pubienne, l'observation de la
première côte (
Kunos et al (1999) -
Kurki, 2005) offre une alternative ou
(et) un complément intéressant, aux autres
techniques de datation du squelette, en effet
:
-
la première côte
est plus facilement identifiable que la
quatrième, même si l'observateur a, à sa
disposition, l'ensemble relativement complet
du gril costal
-
elle est
nettement moins fragile que les autres
éléments squelettiques, tels la 4ème côte
et la symphyse pubienne, et, de ce
fait, est plus apte à résister au cours du
temps
-
elle est, par
ailleurs, moins sujette que la 4ème côte
et la symphyse pubienne, à des
modifications liées au stress mécanique ou à
l'influence du groupe phénocutané et du
sexe.
La détermination de
l'âge du sujet prend en compte non seulement
l'évolution de l'
articulation costo-claviculaire mais également
celle de l'
épiphyse [tête] costale ainsi que celle du
tubercule épiphysaire :
Planche
1 : évolution
morphochronologique de la première
côte
|
Fig.1
: l'
articulation
costo-claviculaire
|
âge
|
Evolution
morphologique
|
[Tableau
et dessins (R.Perrot) adaptés de
Kunos et al (1999)]
|
1-5
|
surface
lisse, homogène [a] / marge
arrondie,floue [b]
|
5
-15
|
dépôt
osseux sur la marge créant une
impression de rebord [c]
/orientation antéro-postérieure de
l'articulation [d]
|
15
-20
|
un
sillon supéro-inférieur séparant la
face articulaire en 2/3 antérieurs et
1/3 postérieur [e] / rebord
bien défini et marqué
[f]
|
20
-30
|
surface
et bordure lisses /début de
l'ossification costochondrale :
formation d'un bec osseux au niveau de
la marge supéroantérieure qui se
projette médialement [g]
|
30
-40
|
début de
creusement de la surface, accélération
de l'ossification subchondrale donnant
un aspect cribriforme [h] /
ossification du cartilage marginal
[i]qui conflue avec le bec
osseux [g]
|
40-55
|
profil
ovoïde, cartilage encapsulé par des
formations de l'os cortical [j]
créant une concavité centrale
[k]
|
55-60
|
augmentation
du creusement de la cavité centrale en
forme de U, liée à l'ossification
périphérique[l]
|
60-70
|
surface
costale et marges périphériques
deviennent rugueuses ; la cavité
commence à se combler.
|
70-80
|
augmentation
du comblement de la cavité centrale
avec une surface externe
d'aspect globulaire [m]
|
Fig.2:l'
épiphyse [tête]
|
âge
|
Evolution
morphologique
|
|
1-5
|
face
sous-chondrale immature à surface
rugueuse avec ébauche d'une bordure
[a]
|
5-15
|
de forme
en goutte d'eau, la tête devient
progressivement circulaire
|
15-20
|
forme
circulaire à ovoïde, fusion
épiphysaire [b] /bordure
complète, usée [c]
|
20-25
|
tête
circulaire, surface lisse [d] /
marge arrondie [e]
|
25-30
|
apparition
d'irrégularités sur la surface
|
30-35
|
surface
toujours circulaire devenant
bombée augmentation de la
robustesse [f]
|
35-50
|
apparition
d'un rebord bien marqué, plus ou moins
régulier [g]
|
50-60
|
surface
de plus en plus irrégulière,
poreuse et formation de sillon
[h] / exostoses le long des
marges [i]
|
60-80
|
surface
articulaire boursouflée [j]
/d'apparence comme rongée
[k]
|
[Tableau
et dessins (R.Perrot) adaptés de
Kunos et al (1999)]
|
Fig.3
:le
tubercule
épiphysaire
|
âge
|
Evolution
morphologique
|
|
1-10
|
immature,
en forme de cuvette en croissant
entouré d'une bordure relativement
saillante [a]
|
10-20
|
saillant
[b] / épiphyse fusionnée
[c] / bordure émoussée
[d]
|
20-25
|
profil
lenticulaire [e] / marges
douces et arrondies [f]
|
25-35
|
apparition
d'une crête aux rebords bien
marqués, le long du col en rapport
avec le ligament costotransverse
[g]
|
35-45
|
le
rebord supérieur devient anguleux
h] / rebord inférieur arrondi
et peu distinct [i] / surface
du tubercule irrégulière avec de
petites boursouflures en gouttes d'eau
[j]
|
50-60
|
forme
ovalaire [k] / augmentation de
la boursouflure du rebord supérieur
[l]
|
60-80
|
les rebords deviennent gonflés et
irréguliers
[
m
] / la surface est de plus en plus
percée de pertuis
[
n
]
|
[Tableau
et dessins (R.Perrot) adaptés de
Kunos et al (1999)]
|
Kunos et al (1999) proposent une
répartition de l'âge allant de 1 à 20
ans, puis de 20 à 80 ans pour chacun
des 3 caractères retenus :
articulation costo-claviculaire,
épiphyse [tête] costale,
tubercule épiphysaire, nous avons
préféré faire un regroupement des
modifications morphochronologiques de
1 à 80 ans en établissant les classes
d'âge qui nous ont paru les plus
compatibles avec les illustrations
proposées par les Auteurs,
illustrations que nous avons
redessinées pour les besoins de ce
Précis d'Anthropologie descriptive
et métrique.
|
5.4.2 - Quatrième côte
Ainsi que nous
l'avons dit
plus haut, l'articulation costo-sternale
subit un remaniement au cours de la vie :
l'observation de la surface articulaire peut donc
fournir une estimation de l'âge du sujet au
moment du décès. D'une manière générale, le
vieillissement de l'articulation va faire passer
l'épiphyse sternale de la 4ème côte, d'une surface
plane à un puits, dont la profondeur
est corrélée à l'âge, mais également au sexe, ce
qui complique sérieusement la méthode. Les
initiateurs de la méthode sont Iscan et al.(
1984a,
1984b,
1985), ils prennent en compte trois éléments
d'évolution du puits : profondeur, forme et
aspects des bords avec pour chacun 6 phases (de 0
à 5). En
1986, Krogman et
Iscan améliorent la méthode avec la
distinction de 9 phases (de 0 à 8), chacune
correspondant à une tranche d'âge pour laquelle
est indiquée l'âge moyen (exprimé en années)
et l'écart - type et ceci pour les deux
sexes
(tab.11).
Tableau
11 :
évolution
chronologique de la 4ème
côte
[d'après
Krogman WM &
Iscan M Y (
1986
)]
|
Phases
|
Homme
|
Femme
|
0
|
<
16
|
<
13
|
1
|
17.3
+/-0.5
|
14
|
2
|
21.9+/-2.13
|
17.4+/-1.52
|
3
|
25.9+/-3.5
|
22.6+/-1.67
|
4
|
28.2+/-3.83
|
27.7+/-4.62
|
5
|
38.8+/-7
|
40+/-12.22
|
6
|
50+/-11.17
|
50.7+/-14.93
|
7
|
59.2+/-9.52
|
65.2+/-11.24
|
8
|
71.5+/-10.27
|
76.4+/-8.83
|
La pratique de la
méthode montre que l'évolution des caractères
morphologiques n'est pas linéaire et qu'il est
préférable de dissocier la transformation de
l'extrémité sternale selon l'aspect de la
surface articulaire (4 phases), l'
aspect des bords (3 phases) et leur
épaisseur (3 phases)(
Iscan et al, 1992,
Oettle & Steyn, 2000).
La planche
2
reprend les
résultats d' Oettle & Steyn (in
Grait, 2006 : pp.29-31) : les créneaux
chronologiques que nous proposons restent très
théoriques (en particulier si on les compare à
ceux établis par
Kunos et al (1999) pour la
première paire de côte.
Planche
2 :
é
volution
morphochronologique de la quatrième
côte
[schémas,
R.Perrot]
|
Phases
|
Créneau
chronologique
|
Aspect de la surface
articulaire
|
1
|
1-20
|
plane ou
légèrement vallonnée [cf
fig.3.1]
|
|
2
|
20-40
|
légèrement
déprimée : ébauche d'un puits
|
3
|
40-60
|
puits
marqué, en forme de V [cf
fig.3.2]
|
4
|
60-80
|
puits
bien marqué, en forme de U [cf
fig.3.3]
|
Aspect des bords
|
1
|
1-30
|
réguliers,
parfois crénelés
|
|
2
|
30-60
|
irréguliers
|
3
|
60-80
|
formation
d'exostoses
|
Epaisseur des bords
|
1
|
1-30
|
rebord
absent [coupe AB, fig1.1]
|
|
2
|
30-60
|
présents
et épais [coupe CD, fig.1.3]
|
3
|
60-80
|
présents
et minces [coupe EF, fig.1.4]
|
5.5 - Os coxal
La ceinture pelvienne
[bassin],
constituée de l'os coxal ( ilion, ischion et
pubis) et du sacrum, est un des éléments osseux
fondamentaux dans l'acquisition de la bipédie
par Homo sapiens au cours de son évolution.
Important dans la
diagnose sexuelle de l'individu, l'os coxal
l'est également dans la détermination de l'âge au
décès. Parmi les nombreuse méthodes
qui ont été mises au point dans ce
but, nous retenu :
-
l'analyse morphométrique de l'ischion et de
l'ilion
-
les modifications osseuses au niveau :
-
de l'union des deux pubis (symphyse
pubienne).
-
de l'articulation du sacrum avec l'aile
iliaque (surface auriculaire).
5.5.1 - Analyse morphométrique de l'ischion et de
l'ilion.
Rissech et al proposent une
méthodologie basée sur une analyse
morphométrique de deux des composants osseux du
coxal : ischion (
Rissech
et al
, 2003 ) et l'ilion (
Rissech
et al
, 2005). Ils ont établi une corrélation
entre certains paramètres [et valeurs indiciaires]
et la possibilité de déterminer le sexe et l'âge.
C'est cette dernière possibilité qui nous a paru
intéressant à résumer ici. Il est évident,
comme pour l'ensemble des méthodologies de
détermination de l'âge au décès, rapportées dans
ce précis, que cette nouvelle méthode, est à
considérer comme une aide complémentaire des
autres techniques (pl.3 - tab.
12 et
13).
Planche
3 :morphométrie
de l'os coxal
gauche
[Rissech
et al
,
2003
-
2005
]
|
Fig.1
:
os
immature
|
Fig.2 :
os
adulte
|
|
Légendes
|
A
|
point A de
Schultz
|
1[
OL1
]
|
longeur ( = hauteur)
ilion
|
2[
OL2
]
|
largeur ilion
|
3 [
16
]
|
longueur ischion
|
4
|
diamètre vertical
acetabulum ilion
|
5
|
diamètre
transversal acetabulum
ilion
|
6
|
diamètre transv. surface
acétabulaire
ischion
|
7
|
diamètre vertical surface
acétabulaire
ischion
|
|
[Dessins
R.Perrot d'après Rissech
et
al
, 2003,
p.189 et 2005, p.166]
|
Tableau 12 : p
aramètres et valeurs indiciaires
moyens de l'aile
iliaque [
Rissech
et al
, 2005
] -
longueur ischiatique moyenne
[
Rissech
et al
, 2003
] en
fonction de l'âge
.
|
|
largeur
ilion (2) :
moyenne
[
+/-SD]
|
longueur
ilion (1) :
moyenne
[
+/-SD]
|
indice
ilion (2/1) :
moyenne
[
+/-SD]
|
longueur
ischion (3):
moyenne
[
+/-SD]
|
Age
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
0-4
|
63
[+/-13.21]
|
70.40
[+/-17.42]
|
58.7
[+/-13.98]
|
63.16
[+/-13.04]
|
109.020
[+/-6.01]
|
113.33
[+/-3.62]
|
38.33
[+/-6.16]
|
38.16
[+/-8.70]
|
5-9
|
93.90
[+/-4.38]
|
94.12
[+/-10.86]
|
85.81
[+/5.28]
|
83.75
[+/-9.28]
|
110.90
[+/-6.22]
|
112.36
[+/-3.46]
|
55.36
[+/-6.72]
|
53.75
[+/-6.60]
|
10-14
|
110.80
[+/-9.8]
|
112
[+/-14.52]
|
102.4
[+/-5.31]
|
98.73
[+/-12.57]
|
108.11
[+/-6.10]
|
112.70
[+/-4.44]
|
65.0
[+/-6.40]
|
64.64
[+/-10.08]
|
15-19
|
140.55
[+/-12.10]
|
142.61
[+/-7.63]
|
122.83
[+/-9.59]
|
117.93
[+/-7.31]
|
114.50
[+/-6.38]
|
121.16
[+/-6.62]
|
85.05
[+/-6.64]
|
82.42
[+/-5.20]
|
20-25
|
149
[+/-9.89]
|
149.72
[+/-10.25]
|
130.21
[+/-8.29]
126.6
[+/-11.2]*
*série
britannique
|
122.05
[+/-6.03]
114.96
[+/-7.19]*
*série
britannique
|
116.39
[+/-7.03]
|
123.72
[+/-7.79]
|
90.07
[+/-6.38]
|
83.22
[+/-4.02]
|
26-45
|
153.5
[+/-8.40]
|
150.33
[+/-8.63]
|
119.28
[+/-7.03]
|
126.12
[+/-7.67]
|
93.08
[+/-4.37]
|
83.43
[+/-4.52]
|
46-97
|
154.73
[+/-9.62]
|
152.73
[+/-7.38]
|
119.28
[+/-7.00]
|
125.96
[+/-7.34]
|
93.05
[+/-4.91]
|
84.36
[+/-5]
|
Tableau 13 : paramètres et
valeurs indiciaires de la surface
acétabulaire ischiatique, en fonction
de l'âge
[
Rissech
et al
, 2003
].
|
|
diam.
vertical (6) : moyenne
[
+/-SD]
|
diam.
horizontal (7) : moyenne [
+/-SD]
|
indice
(6/7 ) :
moyenne
[ +/-SD]
|
Age
|
H
|
F
|
H
|
F
|
H
|
F
|
0-4
|
22.5
[+/-3.08]
|
24.5
[+/-4.23]
|
25.36
[+/-5.0]
|
26.33
[+/-6.28]
|
87.96
[+/-5.19]
|
95.75
[+/-10.33]
|
5-9
|
33.63
[+/-4.38]
|
31.25
[+/-4.09]
|
37.6
[+/-3.59]
|
38.12
[+/-5.54]
|
86.0
[+/-2.88]
|
82.13
[+/-3.08]
|
10-12
|
37.0
[+/-2.64]
|
36.0
[+/-2.0]
|
46.0
[+/-5.56]
|
44.11
[+/-3.58]
|
80.77
[+/-4.26]
|
81.79
[+/-3.06]
|
13-16
|
44.5
[+/-4.08]
|
|
56.8
[+/-6.37]
|
|
80.47
[+/-7.1]
|
|
5.5.2 -
Modifications osseuses au niveau de la symphyse
pubienne
[PG]
L’intérêt de la
symphyse pubienne
pour estimer l’âge au décès réside dans sa
maturation tardive qui est moins variable que
les processus dégénératifs qui lui
succèdent.
À partir de 40 ans, les changements de la
symphyse pubienne sont aléatoires, surtout
chez la femme (
Meindl
et
al.
, 1985 -
Suchey
et
al.
, 1986 -
Baccino
et
al.
, 1991).
La maturation
de la symphyse pubienne se résume en trois
phases (
Meindl
et
al.
, 1985 ) :
-
une phase
présymphysaire
-
une phase d’épiphysation
-
une phase dégénérative.
Chez les immatures la symphyse pubienne est
constituée de crêtes et de sillons, deux
éléments caractéristiques des structures
épiphysaires (stade 1, figure ).
Avec l’âge ces reliefs (sillons et crêtes)
disparaissent en cédant leurs places à des
nodules osseux,
le
rempart ventral
se développe entre le bord antérieur et le
bord de la
surface antérieure du pubis. Il se développe
de bas en haut
(
pl. 4, stade 6).
Le rempart apparait de façon variable, entre
20 et 40 ans ( Todd,
1920 ,
1921a,
1921b -
Ascàdi et Nemeskéri, 1970 -
Suchey, 1979 -
Meindl
et al.
, 1985 -
Katz et Suchey , 1986 -
Brooks et Suchey, 1990).
Les modifications dégénératives de la symphyse
pubienne sont aléatoires, après l’âge de 40
ans,
surtout chez
la femme (
Suchey
et al
.1986 -
Baccino
et al.
, 1991 -
Lovejoy
et al.
1995b), et
la méthode est moins précise après
cet âge (
Mackern et Stewart , 1957-
Meindl
et
al.
, 1985 -
Suchey
et
al.
, 1986 -
Baccino
et
al.
, 1991-
Lovejoy
et al.
1995b).
Deux systèmes de méthodes
existent
:
Méthodes basées sur l’observation globale
des modifications morphologiques de la
symphyse
pubienne
liées à l'âge
Méthode
Ascàdi et Nemeskéri
Les auteurs distinguent 5 phases [élargies à 6
dans les travaux plus récents :
pl. 4 (
Suchey & Brooks,
1986)],
mais ne tiennent pas compte des variations liées
au sexe : à chaque phase correspond un âge moyen
accompagné de son écart-type
(
tab.14) :
Phase
I
• La
surface est convexe, traversée par une alternance
de sillons et de crêtes horizontaux, tendant
à s'incurver dans la région des branches
pubiennes
Phase
II
• La structure
originelle commence a disparaître : les crêtes
s'aplatissent et les sillons deviennent moins
profonds et plus superficiels
• Les
marges dorsale et ventrale montrent la formation
d'un rebord
•
formation d'un rebord également au
niveau des branches pubiennes
Phase
III
• De la
structure originelle ne subsistent plus que
quelques vestiges d'aspect granuleux
• Un rebord
continu occupe les marges dorsale et ventrale de
la symphyse
• II en est de
même pour les branches pubiennes
Phase
IV
• La surface
symphysienne est complètement lisse
• Un rebord aigu
s'est développé le long des marges dorsale et
ventrale
• L'extremité
inférieure de la surface se termine par une sorte
de pont formant un angle aiguë
Phase
V
• La
surface completement émoussée, est devenue creuse
et poreuse
• Les
rebords dorsal et ventral bien developpés
rejoignent la surface pubienne comme une crête et
1'entourent, en particulier au niveau de
1'extremité inferieure aiguë de la symphyse
Tableau 14 : détermination de l'âge d'après les
phases osseuses de la symphyse
pubienne*
|
Phases
|
Moyenne
|
SD
|
M+/-
3SD
|
I
|
26.3
|
2.76
|
18-45
|
II
|
46.5
|
1.76
|
41.2-51.7
|
III
|
51.1
|
1.62
|
45.8-56.3
|
IV
|
58.1
|
2.16
|
51.7-64.6
|
V
|
68.5
|
2.53
|
61-76.1
|
*
âge en années
[d'après
Ascàdi et Nemeskéri,
1970]
-
l’aspect de la surface articulaire,
-
l’existence ou non, d’une extrémité
supérieure ou inferieure (extrémité qui
apparait avec l’âge).
-
l’existence d’un mur postérieur ou
antérieur, dont l’apparition est liée avec
l’âge (dans le jeune âge le mur n’existe
pas et prend l’allure d’un véritable
ostéophyte avec l’âge).
A l’issue de ces travaux, les auteurs
ont réalisé des moulages à partir de ces
pièces osseuses pour en faire des standards,
appelés les kits osseux de
Suchey-Brooks [
Suchey & Brooks,
1986] : le kit comprend
12 moulages repartis en 6 tranches d’âge (un
moulage pour chaque tranche d’âge) : la
détermination de l’âge, se fait par une simple
comparaison visuelle entre le matériel osseux
et les kits (pl. 4).
Les différentes phases de la méthode de
Suchey-Brooks,
présentées ci-après,
sont une traduction
de
Steckel et al (2005)(p.22)
:
Phase 1
: la symphyse pubienne, qui inclue le
tubercule pubien, présente
une surface ondulante, faite de sillons et de
rides transverses bien marqués. Des nodules osseux
peuvent être observés sur l’extrémité supérieure
de la symphyse. Un aspect clé de cette phase est
l'absence de délimitation des deux
extrémités.
Phase 2
: la surface de la symphyse peut montrer
encore un développement des rides.Les deux
extrémites présente un début de délimitation, avec
ou sans des nodules osseux. Le début de la
formation du rempart ventral
correspond à
une extension d'une ou des deux extrémités.
Phase 3
: le rempart ventral occupe l’extrémité
inferieure de la surface de la symphyse pubienne.
La surface peut être lisse ou présenter des crêtes
encore distinctes. Le plateau dorsal est complet.
On note aucun lipping
de la marge dorsale ni d’ossifications
ligamentaires.
Phase 4
: la
surface symphysienne montre généralement de fines
granulations, bien que les sillons et les crêtes,
puissent encore persister.On note un contours
ovale habituellement complet à ce stade, bien
qu'un hiatus puisse exister dans la partie
supérieure. Le tubercule pubien est nettement
séparé de la symphyse qui, par ailleurs, peut
présenter uin rempart distinct.Ventralement des
ossifications ligamentaires peuvent apparaître
dans la portion inférieure du pubis, au niveau de
la symphyse.Un léger lipping peut s'observer sur
le bord dorsal.
Phase 5
: on observe une légère dépression de la
face symphysienne, par rapport au rempart
maintenant complet. Un lipping modéré est
habituellement visible sur le bord dorsal avec de
volumineuses ossifications ligamentaires sur le
bord ventral.
Phase 6
: la symphyse montre une dépression marquée,
avec des érosions du rempart. Les insertions
ligamentaires ventrales sont marquées. Le
tubercule pubien peut apparaître comme une saillie
osseuses indépendante. La suface symphysienne peut
être rongée ou poreuse donnant une apparence de
délabrement en même temps que des ossifications
erratiques se produisent. Des anfractuosités
peuvent se produire avec La surface
symphysienne prend une forme souvent irrégulière
et des anfractuosités peuvent s'y produire.
Dans les tranches d’âge inférieur de 16-40
ans, l’écart type n’est que de 2.3-5.9
ans,
phases qui correspondent à
l’achèvement de la maturation de la symphyse
pubienne.
La précision (sensibilité) de cette méthode
diminue à partir de 40 ans, avec un écart-type
de 12.4 ans pour les tranches d’âge supérieur
à 60 ans [ce qui est considérable si on le
compare à celui de la méthode Ascàdi
et
Nemeskéri : 2.16 à 2.53!]. Les résultats
montrent
donc
que l’évolution morphologique
avec l’âge, est variable d’une
population à l’autre, et que l’estimation de
l’âge peut être imprécise (les stades 4 et 6
étant presque similaires).
Il est plus facile de classer
les variations morphologiques en trois
stades : les jeunes (les stades 1 et 2),
les âges moyens (stade 3) et les plus âgés
(stades 4, 5 et 6)(
Schmitt, 2000).
5.5.3 -Modifications osseuses au niveau de la
surface auriculaire
[
cf.G]
5.6 - Ossification
La croissance du squelette humain s'accomplit dans
les zones cartilagineuses (
pl.5) qui se localisent, pour les membres
entre la diaphyse et les épiphyses des os longs :
on parle de métaphyse, cartilage de
conjugaison ou ligne épiphysaire.
Lorsque ces zones de croissance ont épuisé leur
potentiel mitotique, diaphyse et épiphyses forment
alors un seul bloc osseux : l'évolution de
ces lignes d'ossification est facilement
visible à l'oeil nu mais on verra plus
loin, que
l' appréciation visuelle de cette fusion
morphologique est parfois de 6 mois à 3 ans plus
tardive que l'appréciation
radiologique.
Bien qu'une certaine uniformité se manifeste pour
l'époque de la disparition de ces lignes
épiphysaires, il semble que l'évolution complète
n'en soit pas rigoureusement déterminée ou,
plutôt, n'apparaisse pas toujours au même moment
chez les sujets différents. La cause relève
d'origine sexuelle, hériditaire, phénotypique
cutanée ou climatologique, mais elle peut être
aussi pathologique.
Planche
5 : âge d'apparition et
de soudure des principaux points
d'ossification du squelette
[Adapté de
R.Perrot (1998)]
|
Clavicule
/ points
d'ossification
(n°sur le
schéma)
/ âge d'apparition /
âge de soudure
principal ou
primitif
(1)
|
40ème jour
embryonnaire
|
secondaire
(3)
|
18/19
ans
|
début : 20-21
ans - fin :
21-28
ans
|
cartilage de
conjugaison
(2)
|
Scapula
/ points
d'ossification
(n°sur le
schéma)
/ âge d'apparition /
âge de soudure
|
|
principal
(7)
|
fin
2ème mois
embryonnaire
|
glénoïdien
inférieur
(8)
|
16-18
ans
|
20 ans
|
glénoïdien
sous-coracoïdien
(9)
|
10-12
ans
|
16-18
an
|
acromiaux :1 à
2 points
(10)
|
14-16
ans
|
17-18
ans
|
coracoïdien
principal
(1)
|
9ème-12ème
mois
embryonnaire
|
14-16
ans
|
coracoïdiens
secondaires :
bec (2)
+ base
(3)
|
14-15
ans
|
16-18
ans
|
médial
(5)
|
15-20
ans
|
22-25
ans
|
caudal
(6)
|
20-24
ans
|
cartilage de conjugaison
(4)
|
|
Humérus
/
points
d'ossification
(n°sur
le
schéma) /
âge d'apparition
/ âge de
soudure
|
principal
(10)
|
45ème jour
embryonnaire
|
atteint
les deux
épiphyses
à la
naissance
|
céphalique
(4)
|
2ème-4ème
mois
post-natal
|
19-20 ans
: ligne de
soudure
(1)
invisible
après 21
ans]
|
trochinien
(3)
|
2-3
ans
|
trochitérien
(2)
|
épicondylien
(8)
|
5
ans
|
18-25
ans
|
capitulaire
(7)
|
3
ans
|
trochléen
(6)
|
12
ans
|
épitrochléen
(5)
|
ligne de
soudure de
l'épiphyse
distale
(9)
|
|
Ulna et
radius
/ points
d'ossification
(n°) /
âge d'apparition
/ âge de
soudure
|
|
|
ulna
|
principal
(3)
|
début 2ème
mois
embryonnaire
|
proximal
(1)
|
9-14
ans
|
16-18
ans
|
distal
(4)
|
6-9 ans
|
18-20
ans
|
radius
|
principal
(3)
|
40ème jour
embryonnaire
|
proximal
(1)
|
3-6 ans
|
15-16 ans (
femme)
|
17-18 ans
(homme)
|
distal
(4)
|
naissance-3
ans
|
18-20
ans
|
tubérositaire
(2)
|
13-14
ans
|
17 ans
|
|
|
principal
iliaque
(2)
|
45-50ème jour
embryonnaire
|
principal
ischiatique
(10)
|
90ème jour
embryonnaire
|
principal
pubien
(6)
|
120ème jour
embryonnaire
|
crête iliaque
(1)
|
15-16
ans
|
25 ans
|
épine iliaque
antéro-supérieur
(3)
|
14-15
ans
|
21-25
ans
|
cotyloïdien
antérieur
(14)
|
12 ans
|
cotyloïdien
central
(13)
|
13-14
ans
|
cotyloïdien
postérieur
(12)
|
épine
ischiatique
(11)
|
16 ans
|
épine pubienne
(4)
|
18 ans
|
angle pubien
(5)
|
19-20
ans
|
Il est
intéressant de
prendre,
également, en
compte, la
soudure des
trois éléments
de l'os coxal
qui s'échelonne
de 10 à 17
ans, selon
l'ordre
suivant :
pubis/ischion
[10-12 ans]
-
ischion/ilion
[12-13 ans] -
ilion/pubis
[14-17 ans].
Ces
âges cependant
sont à moduler
en fonction du
sexe : en
effet,
l'intervalle
standard de
fusion
complète des
trois os de
l'acétabulum
est de 11-15
ans pour les
filles et de
14-17 ans chez
les garçons (
Scheuer
et al
, 2000 -
Rissech
et al
,
2005).
|
|
|
|
Fémur
/ points
d'ossification
(n°sur le schéma) /
âge d'apparition /
âge de soudure
principal
(4)
|
40/45ème jour
embryonnaire
|
épiphysaires
supérieurs
|
capital
(2)
|
2 ans
|
19 ans
|
grand
trochantérien
(1)
|
3 ans
|
16-18
ans
|
petit
trochantérien
(3)
|
8 ans
|
épiphysaire
inférieur =
intercondylien
(5)
*
|
15 jours avant
la
naissance
|
18-19
ans
|
* ce point
nommé
anciennement
"point de
Béclard" est
utilisé en
médecine
légale pour
déterminer
l'âge d'un
cadavre
infantile (
Dérobert,
1974).
|
Tibia
/
points
d'ossification
(n°sur
le schéma) /
âge d'apparition
/ âge de
soudure
|
principal
(3)
|
35-40ème jour
embryonnaire
|
proximal
(1)
|
naissance
|
18-24
ans
|
tubérositaire
(2)
|
12-14
ans
|
distal
(4)
|
6-14ème mois
post-natal
|
16-19 ans
*
|
* Des travaux
récents (
Crowder & Austin,
2005
) utilisent de manière
préférentielle la fusion
épiphysaire distale du
tibia et de la fibula. Des
variations sont observées
à la fois concernant le
sexe et le phénotype
cutané : pour les jeunes
américains d'origine
européenne, la fusion
complète se situe pour les
filles, entre 12 et 16 ans
et pour les garçons, entre
14 et 19 ans. Alors
qu'aucune différence
sensible n'est observée
chez les filles
américaines d'origine
africaine ou mexicaine, on
note pour les garçons une
fusion précoce ( 14 ans)
pour les deux épiphyses
distales.
|
L'âge de soudure proposé
correspond à un
espace temps compris
entre un âge minimum et un âge
maximum de fusion de la ligne
épiphysaire : il est bon de noter sur
un plan pratique (
Mc Kern & Stewart,1957) que
pour un groupe humain donné, 20 à 30 %
des individus peuvent déjà présenter
une fusion complète du cartilage
examiné, pour l'âge mimimum
indiqué!
Il
est donc indispensable de prendre en
compte tous les os disponibles.
|
5.7 - Radiologie [PG]
Ainsi que nous
venons de le voir (
§ 5.6), la croissance du squelette
humain s'accomplit dans les zones
cartilagineuses dont l'ossification est
facilement visible à l'oeil nu mais
l' appréciation visuelle de cette fusion
morphologique est parfois de 6 mois à 3 ans
plus tardive (!) que l'appréciation
radiologique.
La méthode
radiologique est
donc un complément indispensable
pour
évaluer
les
modifications morphologiques
et
les associer
avec un âge
que l'on
souhaite le plus exact possible, en
particulier dans le domaine judiciaire.
Depuis leur découverte, les rayons X ont été
utilisés
pour la détermination de l ‘âge. Plus
récemment l'établissement de standards a
permis la prise en compte
des points d’ossifications chez les enfants et
l'ordre de soudure épiphysaire chez les
adolescents (
Francis, 1940 -
Francis et al, 1939 -
Greulich et Pyle , 1959 -
Pyle et Hoerr, 1969).
La détermination de l’âge par les outils
radiologiques se base
sur des modifications squelettiques telles
que :
- involution épiphysaire,
- mesure de
l’épaisseur corticale,
- évaluation de la
densité osseuse.
La technique, la plus utilisée est basée
sur
la progression de
la
résorption de l’os cortical, et l’expansion
concomitante de la cavité médullaire.
Todd (
1920 ,
1921a,
1921b) a tenté de déterminer l’âge osseux
par radiographie de la symphyse pubienne. Il a
défini quatre phases de modification, débutant
à l’âge de 25 ans, pour la première phase,
allant jusqu’à 55 ans pour la 4ème
phase.
Les caractères radiologiques observés étaient
les changements de la texture de l’os,
et l’aspect de la progression de stries
grisâtres compactes « grey streak
compacta »
après l’âge de 25 ans. Cependant la majorité
des travaux, portent
sur les extrémités proximales des os longs (
Poirier et Charpy , 1931 -
Schranz, 1959), pour lesquelles a été
constaté une
variation morphologique
sexuelle (
Schranz, 1959).
Nemeskeri et al (1960), pour leur part,
ont conclu que l’âge chronologique pouvait
être mieux évalué en utilisant un plus grand
nombre d'os.
S
ix phases de changements
morphologiques radiologiques observables au
niveau de l'épiphyse proximale de l’humérus
(pl.6,
tab.15) et du fémur
(
pl.7,
tab.16) ont été pris en compte (
Ascàdi et Nemeskéri, 1970).
Planche
6 - Les 6 phases
radiologiques d'évolution de la
structure osseuse de l'épiphyse
proximale de l'humérus
[d'après
Ascàdi et Nemeskéri,
1970
]
|
|
Phase
I
-
Apex
de la cavite médullaire
nettement en dessous du col
chirurgical
-
Système
trabéculaire de type radial
bien marqué
-
Structure
ogivale apparaissant par
endroit
Phase
II
•
Cavite médullaire s'étendant
vers 1'épyphyse proximale
•
Apex à la hauteur du col
chirurgical et même au - dessus
jusqu'a 1/4 de la distance à la
ligne épiphysaire
•
Système trabéculaire
devenant plus fragile avec
apparition, plus marquée de la
structure ogivale
Phase
III
•
Apex de la cavité médullaire
atteignant la ligne
épiphysaire
•
Système trabéculaire de type
ogival
•
Structure en colonnes
apparaissant le long du cortex
épiphysaire et diaphysaire
•
Système trabéculaire
devenant plus mince
Phase
IV
•
Cavité médullaire tendant à
dépasser la ligne
épiphysaire
•
Système trabéculaire
montrant des lacunes dans le
tubercule majeur (trochiter ou
grosse tubérosité )
•
Structure en colonnes, de
part et d'autre de la cavité
médullaire, brisée, par
endroits
Phase
V
•
Lacunes de 2/5mm se
développant dans le tubercule
majeur
•
Apex de la cavité médullaire
dépassant la ligne
épiphysaire
•
Vestiges discontinus de la
structure en colonnes de part et
d'autre de la cavité
médullaire
Phase
VI
•
Diamètre de la cavité formée
dans le tubercule majeur dépassant
5mm de diamètre et pouvant
atteindre le cortex
devenu mince et
transparent
•
Système trabéculaire très
raréfié dans l'épiphyse :
trabécules présentant
l'aspect d'une toile d'araignée
déchirée.
|
Tableau 15 : d
étermination de l'âge* d'après
les phases osseuses de l'épiphyse
proximale
Phases
|
Moyenne
|
SD
|
M+/- 3SD
|
I
|
41.1
|
6.6
|
21.3-60.9
|
II
|
52.3
|
2.51
|
44.8-59.8
|
III
|
56
|
3.59
|
49 - 70,5
|
IV
|
59.8
|
1.84
|
50,5-61,6
|
V
|
61
|
2.05
|
54,9
- 67,2
|
VI
|
61
|
3.39
|
50,9-71,2
|
*
âge
en années
|
Planche 7 :
Les 6 phases radiologiques
d'évolution de la structure
osseuse de l'épiphyse
proximale du
fémur [d'après
Ascàdi et Nemeskéri, 1970
]
|
|
Phase
I
•
Apex de la cavité médullaire en
dessous du petit trochanter
•
Système trabéculaire bien marqué
: on voit parfaitement l'intersection
à 45° des deux systèmes fasciculaires,
le faisceau trochantérien (
fasciculus trochantericus ) le
faisceau arciforme ( fasciculus
arciformis ).
Phase
II
•
Apex de la cavité médullaire
atteignant voire même dépassant la
limite inférieure du petit
trochanter
•
Sur les bords de la diaphyse et
de l'épiphyses les deux systèmes
fasciculaires commencent à se
raréfier
Phase
III
•
Apex de la cavité médullaire
atteignant la limite supérieure
du petit trochanter
•
Evolution de la raréfaction du
système trabéculaire plus nette au
niveau du col et du grand
trochanter.
Phase
IV
•
Apex de la cavité médullaire
s'étendant au dessus de la limite
supérieure du petit trochanter
•
Une cavité bien délimitée de
5/10 mm de diamètre apparaissant en
plein milieu du col
•
Raréfaction du système
trabéculaire s'accentuant au niveau de
la métaphyse , du grand trochanter et
de la tête, en particulier au niveau
de la fovea capitis.
Phase
V
•
Apex de la cavité médullaire
continuant de progresser en direction
proximale
•
Seulement des vestiges du
système trabéculaire originel sont
visibles au niveau du col
•
Formation d'une cavité de 3/5 mm
de diamètre dans le grand
trochanter
•
Formation de cavités dans la
tête vers la fovea capitis.
Phase
VI
•
Les cavités formées dans le col
et le grand trochanter ont augmenté de
diamètre : plus de 10 et 5 mm
respectivement
•
La cavité médiane du col arrive
à confluer avec la cavité médullaire
du fait d'une accentuation de la perte
de la structure osseuse, dont des
vestiges restent seulement le long du
cortex
•
Le cortex devient fin et
transparent, en même temps que le
relief de la surface extérieure de
l'os s'atrophie
|
Tableau 16 :d
étermination de l'âge* d'après les
phases osseuses de l'épiphyse
proximale
Phases
|
Moyenne
|
SD
|
M+/- 3SD
|
I
|
31.4
|
4.2
|
18-52
|
II
|
44
|
2.6
|
36,2-51,8
|
III
|
52.6
|
1.86
|
47 - 58,2
|
IV
|
56
|
2.32
|
49-63
|
V
|
63.3
|
2.17
|
56,8-69,9
|
VI
|
67.8
|
3.64
|
56,9 - 78,7
|
*
âge en
années
|
Bergot et Bocquet (1976
) ont étudié les
effets de l’âge sur l’os trabéculaire et
cortical, de l’humérus
et du fémur, et ils ont élaboré six phases de
changement du modèle
trabéculaire.
Ils ont noté qu’à l’exception des structures
trabéculaire du fémur,
il y avait des différences entre les deux
sexes, avec une perte prononcée des deux types
d’os (cortical et trabéculaire) chez les
femmes, notamment après l’âge de 50 ans
(ostéoporose post ménaupause) et que la
déminéralisation
a une répartition non homogène sur le même
os.
Walker et Lovejoy (1985)
ont
étudié
la
clavicule, le calcanéum, et l’extrémité supérieure
de l’humérus, et du fémur.
Ils
ont élaboré
huit
phases pour les modifications morphologiques
radiologiques, au niveau du fémur et
la
clavicule, qui couvrent une tranche d’âge de 15 à
75 ans.
La
clavicule était le site le plus intéressant pour
la détermination de l’âge par cette
méthode
indépendamment
du sexe, puis les extrémités proximales du fémur
et de l’humérus.
Le
calcanéum
n’a
pas présenté de modifications morphologiques en
rapport avec l’âge.
La plupart des chercheurs, ont signalé des
inconvénients pour cette méthode, et
qui
résultent du développement inapproprié des
rayons X, et la discordance dans
l’interprétation inter observateurs, ou un
dispositif technique différent. Une autre
contrainte signalée est la nécessité d’une
expérience considérable pour le succès de la
technique.
L’évaluation radiologique des changements
relatifs à l’âge de l’articulation
chondro-costale a été signalé
il ya plus de 50 ans (
Michelson, 1934
-
Falconer, 1938
-
Fischer,1955
-
Semine et Damon, 1975
-
Mc Cormick et Stewart,
1988).
Cependant ces études
se sont concentrées sur la relation entre
l’âge et la minéralisation du cartilage
costal. La plus importante
de ces étude est celle qui a été faite
par
Semine et
Damon (
1975), qui ont examiné
1500 pièces osseuses de cinq populations
différentes et qui en ont conclu qu’une
corrélation linéaire entre la
minéralisation
et l’âge existait, avec une variation sexuelle
et inter-population.
Une
étude dans le même sens
a été conduite par
Barres Denis
et al
(1989), avec un
comparaison des résultats obtenus par
macroscopie (Iscan et al,
1984a,
1984b), et
radiographie du plastron sternal (
McCormick, 1980), avec
l’observation des critères
suivants :
-
la déminéralisation
osseuse ;
-
la fusion des pièces du
manubrium ;
-
la modification de la jonction
chondro-costale ;
-
les modifications de la jonction
chondro-sternale ;
-
la minéralisation du cartilage
costal.
Chaque critère est côté
de 1 à 5 selon une planche radiologique de
référence, puis multiplié par un coefficient
de pondération. La somme des critères
pondérés, multipliée par 15 correspond à
l ‘âge estimé +/- 8.5 ans.
C’est une technique relativement simple,
rapide, et reproductible. Toutefois
l’inconvénient de cette méthode, est de faire
appel à des planches d'identification de la
cotation pouvant être difficile pour certains
cas, et dépendant vraisemblablement de
l’expérience de l’opérateur ce qui peut être
source d' erreur. Ils ont conclu, la
reproductibilité de la méthode, que
l’utilisation des clichés radiographiques
augmente significativement les coefficients de
corrélation avec l’âge des critères sus-
cités, sauf pour la déminéralisation osseuse,
et les modifications de la
jonction chondro-costale, qui ne présentent
pas d’amélioration (inter
observateurs).
Des études comparatives sont faites
actuellement en utilisant conjointement
tomodensitométrie et méthodes
ostéologiques
usuelles :
les résultats des mesures effectuées par les
deux techniques sont en grande partie
comparables, néanmoins, quelques différences
sont notées.
Un apprentissage est nécessaire
pour
améliorer la variabilité
inter-observateur.
Mais
la réussite de l’expérience dans le
domaine,
nécessite une étude très approfondie et, si
possible, un échantillon de grand taille
prenant en compte tous les os
disponibles.
5.8 -
Histologie [
cf.G]
5.9 - Le cartilage
thyroïdien [
cf.G]
5.10 - Sternum et
scapula [
cf.G]
5.11 - Rachis
[
cf.G]
5.12 - Conclusion : détermination de l'âge au
décès et méthodes mathématiques
Quelque soit la
technique retenue pour estimer l'âge
d'un individu au décès, le travail consiste pour
l'anthropologue ostéologiste à confronter la
morphologie [macroscopique (anatomie externe
; radiologie) - microscopique (
histologie)] de l'os étudié à un âge standard
établi à partir de la série squelettique
correspondante, pour laquelle a été prise en
compte l'évolution osseuse chronologique. Cet
âge est, en fait, pour de nombreux auteurs (par
exemple
Ascàdi et Nemeskéri, 1970)
la médiane d'un
créneau chronologique dont les bornes
correspondent à +/- 3 fois l'écart-type : c'est
ainsi que pour un individu dont la symphyse
pubienne présente une morphologie radiologique
correspondant
au
stade IV, (tabl 14)
son âge se répartit de 51,7 à 64,6 ans
( SD = 2,16) soit un âge "probable = moyen" de 58
ans.
L'estimation de
l'âge est donc probabilistique
et s'intègre dans les méthodes
démographiques, mais là où l'anthropologie (
particulièrement si elle est judiciaire) recherche
l'âge d'un individu précis (appartenant à une
population X dont il a été arbitrairement
isolé par la mort), la démographie s'intéresse,
elle, à la répartition des classes d'âges au sein
d'une population et à leur espérance de vie, d'où
une probabilité de distribution des âges
au décès et des aspects morphologiques
correspondants à ces âges.On aura donc une "
probabilité Pr(a)c,
où Pr représente la
probabilité que les vestiges squelettiques soient
ceux d'une personne morte à un àge
a conforme à l'âge
c établi sur ses propres
restes osseux. Cette probabilité
Pr(a)c N'EST PAS EGALE à
Pr(c)a où cette fois l'âge
a est déterminé à partir de l'âge
c de vestiges osseux référencés. Cet
âge a nécessite de connaître la
répartition des âges au décès soit f(a)
: il peut donc paraître paradoxal d'être
amené à chercher d'abord la répartition des âges
dans la population avant de déterminer l'âge
d'un individu, en d'autres termes de
déterminer Pr(c)a
avantPr(a)c! Cependant
il est possible de calculer Pr(a)c à partir
de Pr(c)a en utilisant
le théorème de Bayes "(adapté de
Hoppa & Vaupel, 2002).
Le traitement probabilistique bayésien des données
d'estimation de l'âge au moment de la mort permet
de tenir compte de la variabilité : l'âge estimé
est donc donné sous forme d'intervalles
chronologiques larges, qui ont, cependant le
mérite d'être fiables
(
A.Schmitt, 2002).Un certain nombre d'études
récentes ont fait appel à l'inférence bayésienne,
dans la détermination de l'âge à partir de
l'évolution chronologique de structures osseuses
telles l'articulation sternale de la 4ème côte (
Schmitt, 2001) ou la surface auriculaire
iliaque (
Schmitt & Broqua, 2000 -
Debono
et al
., 2004).
On appelle inférence bayésienne la
démarche logique permettant de
calculer ou réviser la probabilité
d'une hypothèse. Cette démarche est
régie par l'utilisation de règles
strictes de combinaison de
probabilités, desquelles dérive le
théorème de Bayes. Il existe seulement
deux règles pour combiner les
probabilités : la régle de l'addition
et celle de la multiplication. Le
théorème de Bayes peut être dérivé
simplement en mettant à profit la
symétrie de la règle de
multiplication. Il permet donc
d'inverser les probabilités : c'est à
dire que si l'on connaît les
conséquences d'une cause
[
l'âge entraîne des modifications
osseuses
],
l'observation des effets
[
modifications osseuses
] permet
de remonter aux causes
[
âge
]. C'est
cette estimation à priori qui est
sytématiquement oubliée par les
méthodes statistiques standards. [
http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9or%C3%A8me_de_Bayes]
|
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