PALEOBIOS ,13 / 2004 / Lyon-France ISSN 0294-12 / I ncidence de l’occlusion dentaire lors d’une craniophotocomparaison : à propos d’un cas. Incidence de l’occlusion dentaire lors d’une craniophotocomparaison : à propos d’un cas. Yvonne Desbois (1)(4)*, Raoul Perrot (2 )(4) , Claire Desbois (3 )(4) 1 : Cabinet dentaire 12 rue de Boigne 73000 Chambéry France. 2 : Directeur du Laboratoire d’Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie Département de Biologie Humaine Lyon 1, 8 avenue Rockefeller 69373 Lyon CEDEX 08 France 3 : Cabinet dentaire rue du Commerce 42620 Saint Martin d'Estreaux France 4 : Equipe d’identification médico-légale du Laboratoire d’Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie UCB Lyon 1, 8 avenue Rockefeller 69373 Lyon CEDEX 08 France
* :
yvonnedesbois@club-internet.fr Résumé: L’identification d’un corps retrouvé dans un état avancé de décomposition fait appel à plusieurs spécialités médico-légales, notamment l’anthropologie et l’odontologie. Avant d’envisager une méthode reconstructive, il convient d’explorer les méthodes comparatives. Ces méthodes utilisent des éléments ante - mortem fournis par les enquêteurs et des éléments post-mortem recueillies par les experts médico-légaux.La craniophotocomparaison (Perrot 96) est une méthode anthropologique qui consiste à comparer un crâne avec des photographies de personnes disparues. Elle utilise une comparaison de valeurs indiciaires et angulaires permettant de travailler sans tenir compte de l’échelle des documents.Le cas présenté montre l’importance de l’examen odontologique et particulièrement de l’étude du rapport inter maxillaire. La difficulté de retrouver l’occlusion de convenance et le contexte particulier de l’enquête ont influé sur le résultat de la méthode comparative employée. Mots-clés : identification, craniophotocomparaison, occlusion, indices Abstract : Incidence of the dental occlusion during a craniophotocomparison : in connection with a case. The identification of a body at an advanced stage of decomposition requires several forensic specialties, in particular anthropology and odontology. Before considering a reconstruction method, it is advisable to explore comparative methods. These methods use ante-mortem elements, provided by the investigators and post-mortem elements, collected by the forensic experts.The craniophotocomparison (Perrot 1996) is an anthropological method which involves comparing a skull with photos of reported missing people. It uses a comparison of indices and angular values allowing work without taking into account the scale of the documents.The case produced shows the importance of an odontological examination and, in particular, the study of the inter-maxilla relationship. The difficulty in refinding the appropriate occlusion and the particular context of the investigation had an effect on the result of the comparative method used. Keywords : identification, craniophotocomparison, dental occlusion, indices 1. INTRODUCTION En identification comparative, la méthode de craniophotocomparaison, mise au point par l’un d’entre nous (Perrot, 1996) a prouvé, en de nombreuses fois, sa fiabilité. Cette technique consiste à comparer un élément post-mortem, un crâne dessiné, avec un élément ante-mortem, la photographie d’une personne disparue. La comparaison prend en compte les valeurs indiciaires et angulaires permettant ainsi de travailler sans tenir compte de l’échelle des documents : il existe, en effet, d’autres techniques, en particulier celle de Paul A. Janssens, dite de « superimposition » nécessitant une parfaite (et donc difficile à obtenir) superposition du crâne et de la photographie du disparu (1976).Nous retraçons ici les différentes étapes et évènements de l’identification d’un individu, partiellement édenté, retrouvé en 1998. Nous démontrons dans quelle mesure cet élément et le contexte particulier de l’enquête ont influé sur le résultat de la craniophotocomparaison. Et que, finalement, c’est l’apport d’une méthode d'identification reconstructive, la reconstitution faciale effectuée en tenant compte de l’édentement partiel, qui a permis d’identifier l’individu. 2. HISTORIQUE Le 8 novembre 1998, le cadavre d’un noyé inconnu [par commodité appelé X dans le texte], de sexe masculin, est découvert au bord de l’Isère, sur la commune d’Aiton (Savoie). L’état de décomposition ne permet pas une identification (photo 1). Une expertise anthropologique et une expertise dentaire sont demandées, respectivement à R. Perrot, à Lyon et Y. Desbois, à Chambéry, aux fins d’identification de la personne.Par ailleurs, la gendarmerie dispose des déclarations de la disparition de deux hommes [par commodité appelés respectivement C et H dans le texte], dans la région.Concernant C, disparu depuis le 2 novembre 1998, une photographie (fig.2) récente est immédiatement disponible.Il est important de noter que R Perrot a seulement eu connaissance de la photographie de C et qu’aucun dossier dentaire ne lui est fourni. En effet les dossiers dentaires de C et de H ne seront fournis qu’en février et mars 1999 soit quatre mois après la découverte de X.Il serait donc utile d’annexer, dans la mesure du possible, à chaque dossier de déclarations de disparus leur fiche dentaire. 3. L’EXPERTISE ANTHROPOLOGIQUE L’expertise anthropologique est pratiquée à fin d’étude faciométrique et d’identification comparative (craniophotométrie) avec le seul élément disponible: la photographie de Mr C, disparu depuis le 2 novembre 1998.Elle comporte trois étapes: une étude anthropométrique métrique et descriptive du crâne, une étude faciométrique de la photographie et une craniophotocomparaison. 3.1. Étude anthropométrique descriptive et métrique 3.1.1. Méthodologie Une étude anthropologique descriptive et métrique d’un crâne permet de déterminer le sexe, l’âge et le phénotype d’un individu. En mettant en évidence des reliefs ou des particularités osseuses, elle permet de découvrir des caractéristiques morphologiques visibles sur le vivant, utiles pour une identification: en effet, il existe une corrélation entre le relief osseux et les tissus mous de la face. La tête du cadavre est préparée selon la technique du Laboratoire d’Anthropologie Anatomique et de Paléontologie de l’Université Claude Bernard à Lyon. La tête est disséquée, nettoyée et séchée afin d’obtenir un crâne sec. Le crâne est dessiné au dioptrographe cubique, selon les deux vues de référence qui sont la vue faciale ( norma facialis) ( fig.1) et la vue latérale ( norma lateralis). Le dioptrographe est une sorte de pantographe associée à une plaque de verre permettant de suivre les contours du crâne et un stylet les dessinant selon la vue choisie et à différentes échelles ( dans ce cas l’échelle 1 est choisie). Dans ce cas, l’absence de nombreuses dents empêche un calage de la mandibule, c’est la raison pour laquelle R Perrot choisit une position intermédiaire en mettant bout à bout les dents restantes. Les globes oculaires ont été positionnés dans les cavités orbitaires après le dessin au dioptrographe, selon la méthode D.M.P (d’après le nom de ses auteurs -Claire Desbois, Raoul Perrot et Claude Mallet-) de reconstitution faciale (fig.1). 3.1.2. Résultats L’étude descriptive du crâne met en évidence ces caractéristiques visibles sur l’individu de son vivant :
L’étude anthropométrique indique que le sujet est un homme, leucoderme de type europoïde alpino- méditerranéen, dont l’âge se situe autour de 75/80 ans ( âge confirmé plus tard par l’examen dentaire pratiqué par Y Desbois.). 3.2 Etude faciométrique de la photographie D'après la photographie de Mr C, le sexe, l’âge et le morphophénotype correspondent aux éléments fournis par le crâne.Les différents éléments constatés et conformes au résultats de l’étude métrique et descriptive sont :
Ces éléments concordants entre le crâne et la photographie de Mr C permettent alors d’envisager la craniophotométrie comparative. 3.3 Craniophotocomparaison 3.3.1 Méthodologie (Fig.1) Sur la vue faciale du crâne (réalisée à l'échelle 1 au dioptrographe cubique) et sur la photographie du sujet disparu sont positionnés des points anatomiques qui reliés entre - eux selon des critères précis - fournissent des paramètres, des indices et des valeurs angulaires. Il est important de noter que l’étude comparative ne prend jamais en compte la comparaison des valeurs brutes d’un même paramètre sur les deux clichés mais celle des rapports indiciaires confrontant les paramètres deux à deux , dans chaque cliché: ce qui offre l’avantage considérable de pouvoir travailler sur des instantanés n’étant pas à la même échelle! La ressemblance entre le crâne inconnu et la photographie va être établie en prenant en compte la différence algébrique des valeurs indiciaires ( ou angulaires), selon la modalité suivante :
Ensuite la somme algébrique de l’ensemble des intervalles indiciaires est calculée puis divisée par le nombre d’indices pris en compte : le résultat ainsi obtenu (= moyenne algébrique) va permettre l ’ identification ( c’est à dire l’assimilation crâne inconnu / visage ), qui sera considérée comme : fortement probable ( 90%) à certaine ( 100%) dans le créneau : - 1 / 0 / + 1 . Figure 1 : points et paramètres utilisés dans la craniophotocomparaison
3.3.2 Résultats de la craniophotocomparaison crâne 1/ Mr C (Fig. 2) L'étude comparative crâne/photographie du sujet disparu, conclut, dans un premier temps, avec une valeur de - 0,49 que le crâne est très vraisemblablement celui de Mr C. Figure 2 : Paramètres, angles et valeurs indiciaires pris en compte dans la craniophotocomparaison
4. L’EXPERTISE DENTAIRE R.Perrot ayant terminé sa mission d'expertise anthropologique transmet alors le crâne à Y.Desbois, commise entre temps par le Parquet de Chambéry avec pour mission de pratiquer l'expertise dentairede l’individu X 4.1. Examen ( Fig.3) Fig. 3 : Moulage dentaire de X et correction du dessin au dioptrographe du crâne X
L’expertise dentaire ( Fig.4), effectuée en février 1999, conclut que :
Figure 4 : Schéma dentaire de X
Légendes : Figure 5 : Identification des dents ( selon la FDI)*
* Fédération Dentaire Internationale 4.2. Comparaison avec les dossiers des deux disparus Les dossiers dentaires de Mr C et Mr H, ont été fournis par la gendarmerie. 4.2.1 - Examen dentaire de Mr C ( Fig.6) Le schéma dentaire ante-mortem a été établi à partir d’une radiographie (orthopantomogramme) et du dossier dentaire. Figure 6 : Schéma dentaire de Mr C
* diastème de 1cm entre 34 et 35 4.2.2 - Examen dentaire de Mr H ( Fig.7) Le schéma dentaire ante- mortem de Mr H montre que ce dernier portait des prothèses adjointes complètes au maxillaire et à la mandibule ( Px). Figure 7 : Schéma dentaire de Mr H
4.2.3 - Comparaison des trois schémas dentaires : Figure 8 : Comparaison des trois schémas dentaires
Avant de commencer la comparaison il est important de noter qu'il s'agit de comparer un état dentaire post-mortem (X) à deux états dentaires ante-mortem ( C et H). Il est évident, par exemple qu'une dent présente du vivant de l'individu peut très bien avoir disparu sur son cadavre ; à l'inverse, une dente "tombée" ante-mortem ne peut, évidemment pas, est présente sur le cadavre! Cest ainsi que la présence de la 15 et de la 27 chez X, alors qu'elles sont tombées ante-mortem chez C, montre à l'évidence que X n'est pas C,[ cette évidence est confirmée par un autre caractère : la position, chez C, de 35, éloignée d’environ 1 cm de la 34]. Par ailleurs ces deux mêmes dents 15 et 27 étant remplacées par des prothèses chez H, on peut en conclure que X n'est pas, non plus, H. La comparaison des trois fichiers dentaires montrent donc bien qu'ils s'agit de trois individus différents En juillet 1999, un nouveau crâne est découvert dans la région. La fiche dentaire post-mortem de ce nouveau crâne correspond à la fiche ante-mortem de Mr C. Une nouvelle expertise dentaire confirme qu'il s'agit bien de Mr C. 5. L’identification de X par reconstitution faciale Une identification reconstructive par reconstitution faciale est alors envisagée par la Justice, afin d’aider à l’identification de la personne découverte au bord de l’Isère: elle est confiée à Claire Desbois.. 5.1. Reconstitution faciale ( Fig. 9 ) La reconstitution faciale est faite selon la méthode D.M.P. (Desbois, 1986 - Desbois, Mallet et Perrot, 1992). Figure 9 : tête reconstituée
La mandibule a été positionnée en tenant compte de l’examen dentaire: l’usure occlusale des couronnes et la migration des dents indiquant l’absence d’appareillage et l’occlusion de convenance du sujet.Les gendarmes venus récupérer la tête sont frappés de la ressemblance avec un homme disparu, Mr Z ( Fig. 10) : cet homme était un marginal qui avait l’habitude d’aller tous les étés dans les alpages chez une famille. Cette dernière ne le voyant pas, avait prévenu la gendarmerie. Figure 10 : Trois clichés photographiques et la reconstitution faciale de Mr.Z
5.2. Examen comparatif reconstitution/photographies Les seuls éléments ante-mortem à disposition pour valider le résultat de la reconstitution faciale sont ces trois photographies : s ur celle de gauche, le sujet rit et montr ses dents. On peut noter que seules sont dévoilées des dents mandibulaires, la première prémolaire, la canine et l’incisive latérale droites et une face occlusale ( dessus) de prémolaire gauche avec une absence évidente et/ou un délabrement important des couronnes dentaires de certaines dents. la courbe et l’aspect de ces dents sont en concordance avec les modèles en plâtre des arcades du crâne.( fig.3).Sur le plan anatomique, 8 éléments sont concordants :
On peut donc affirmer que le crâne inconnu est celui de Mr Z. 6. INCIDENCE DE l’ABSENCE DE DENTS LORS D’UNE CRANIOPHOTOCOMPARAISON Le cas que nous décrivons montre bien que des caractéristiques morphologiques et pathologiques identiques au niveau de l’étage supérieur et moyen de la face chez deux individus, peuvent conduire à un" faux positif"quand l'étage inférieur est erroné. L’individu retrouvé étant partiellement édenté, le calage de la mandibule était difficile à obtenir. Lors du dessin ( fig.1) au dioptrographe, la mandibule a été positionnée avec une occlusion ( articulé dentaire) incorrecte : la dimension verticale (surestimée) de l’étage inférieur de la face a faussé le résultat final de la craniophotocomparaison. Il est bon de noter que ceci ne remet pas en cause la validité de la méthode mais démontre l'importance de bien déterminer l’occlusion de convenance ( le rapport des arcades dentaires entre-elles) et par conséquent la position de la mandibule par rapport au maxillaire. A partir de ce cas, nous nous proposons d’établir les éléments permettant de déterminer au mieux cette occlusion de convenance. 6.1. Edentation partielle et position des dents restantes L’absence ancienne de dents modifient la position des dents restantes : celles qui n’ont pas d’antagoniste ou de voisine migrent dans le sens antéro-postérieur, dans le sens transversal et dans le sens vertical. La migration est d’autant plus importante que l’édentation est précoce. L’absence de molaire empêche un calage postérieur de la mandibule : celle-ci glisse vers l’avant et provoque un inversé d’articulé au niveau antérieur, les dents mandibulaires se trouvent, alors, en avant par rapport aux dents maxillaires dans le sens antéro-postérieur. Morphologiquement il existe alors une baisse de dimension verticale soit un étage inférieur de la face diminué et un aspect caractéristique des personnes édentées totalement ou partiellement. 6.2 Détermination de l’occlusion 6.2.1. Généralités Classiquement, l’occlusion est un état défini par un ou des contacts entre dents antagonistes. C’est le rapport statique quelconque de contact entre dents antagonistes. L’occlusion de convenance est l’occlusion habituelle, c’est à dire la position d’où partent et où reviennent tous les mouvements mandibulaires, pour laquelle l’engrènement et le nombre de contacts occlusaux sont en général maximaux. L’occlusion fait intervenir de multiples facteurs, notamment des facteurs osseux et musculaires., sur un sujet vivant, afin d’enregister le rapport inter-maxillaire, on prend des empreintes des arcades dentaires. Ces empreintes sont coulées en plâtre afin d’obtenir des modèles, exactes répliques de la mandibule et du maxillaire. Des cires ou des bases dites d’occlusion sont alors fabriquées à partir de ces modèles. Ensuite, la cire ou la base d’occlusion est inserrée en bouche et les mouvements de l’individu y imprime ses rapports interarcades. Cette cire ou cette base d’occlusion est ensuite positionnée dans les moulages de l’arcade. L’étape suivante est la mise en articulateur des moulages : on obtient alors l’exacte réplique des relations interarcades. L’occlusion de convenance dépendant de facteurs dynamiques, sa détermination exacte sur un cadavre est difficile. Mais l’étude des dents peut donner des indications précises de la relation interarcade. Cette étude se fondera sur :
6.2.2. Cas de l’individu X L’examen général des arcades ( Fig. 4) indique une absence ante-mortem de 17 dents et un manque évident de soins au niveau des dents restantes. On note une usure marquée des faces occlusales, un déchaussement des dents plus marquées sur certaines et des positions atypiques. Il y a une quantité de tartre importante notamment au niveau des molaires restantes. Nous définissons le niveau postérieur par le bloc formé par les prémolaires et molaires et le miveau antérieur par le bloc formé par les canines et les incisives. Au maxillaire: absence antemortem de 10 dents et 1 post-mortem ( 22) :
A la mandibule . Absence antemortem de 7 dents et post mortem de l’incisive centrale gauche (31).
Conclusion de l’examen L’état dentaire observé indique une absence de soin et de réhabilitation esthétique et fonctionnelle. En effet, l’état de résorption des crêtes osseuses indique des pertes dentaires ancienne et les positions des dents résiduelles indiquent l’absence d’appareil réhabilitant les dents: L’égression importante des molaires supérieures gauche et la migration des prémolaires indique une absence ancienne d’antagonistes. L’absence des dents postérieures entraîne une absence de calage postérieur : la mandibule n’étant plus bloquée glisse alors vers l’avant afin de trouver des contacts. L’usure marquée des dents antérieures confirme le glissement de la mandibule: l’articulé antérieur s’inverse, les dents mandibulaires passent devant les dents antérieures. Ce glissement s’accompagne d’une déviation. Cette usure est aussi provoquée par une mastication exclusive au niveau antérieur. les prémolaires et molaires restantes ne présentant pas d’usure, l’individu ne se servait absolument pas de ces dents pour mastiquer et pour caler sa mandibule. De plus la présence de tartre en quantité importante sur le groupe postérieur confirme l’absence d’autonettoyage par mastication. A partir de ces observations, le schéma au dioptrographe a, alors, été modifié : la mandibule étant positionnée dans une situation proche de l’occlusion de convenance estimée (Fig. 3). 7. Méthode de craniophotocomparaison appliquée aux deux dessins du crâne X ( fig.1 et 3). Sur la figure 1, on remarque bien que la mandibule est plus éloignée, verticalement, du maxillaire qu'elle ne l'est sur la figure 3. Nous nous proposons d’évaluer dans quelle mesure cela influe sur le résultat d’une craniophotocomparaison. Les photographies de Mr C, Mr Z et de la tête reconstituée sont comparées respectivement au schéma initial ( dit Crâne 1) et à celui corrigé ( dit Crâne 2). 7.1 C raniophotocomparaison Crâne 1 / Mr C, Mr Z, tête reconstituée (fig.11) Les valeurs indiciaires et angulaires du Crâne 1 sont comparées respectivement avec 4 photographies et la tête reconstituée, fournissant donc 5 moyennes algébriques :
On remarque une certaine incohérence dans les résultats obtenus : en effet d'après eux, on peut noter, une identification positive du crâne 1, non seulement avc Mr C ( moyenne algébrique de - 0.49 ) mais également avec Mr Z ( moyennes algébriques de -0.77 et surtout de -0.16, où même,dans ce cas, le crâne 1 est nettement plus proche de Z qu'il ne l'est de C!)!Par contre, à l'opposé, la différence est manifeste entre le crâne 1 et la tête reconstituée ( -3.18 ). En fonction de ces résultats il est donc particulièrement important de voir, dans un deuxième temps, ce que donne la comparaison entre le cr'âne 2, où a été modifié l'articulation de manière à restituer l'occlusion de convenence avec Mr C, Mr Z et la tête reconstituée ( § 7.2 et fig.12) .
Figure 11 : craniophotocomparaison Crâne 1 / Mr C, Mr Z, tête reconstituée
* : différence algébrique 7.2 C raniophotocomparaison Crâne 2 / Mr C, Mr Z, tête reconstituée (fig.12) Les valeurs indiciaires et angulaires du Crâne 2 sont comparées respectivement avec les 4 photographies et la tête reconstituée, fournissant donc 5 nouvelles moyennes algébriques :
Une première remarque peut être faite : l'éloignement du crâne 2 / Mr C ( -0.76 ) alors que nous avions - 0.49 pour c râne1 / Mr C. A l'évidence la correction de l'occlusion, a fait diminué la ressemblance, rien qu'en ayant réduit la hauteur totale de la face.Ce résultat milite bien en faveur de l'importance de la bouche dans les problèmes d'identification de cadavres.Une seconde remarque concerne la nécessité de travailler sur plusieurs clichés photographiques de l'individu disparu : en effet, les résultats obtenus varient de l'identification positive ( - 0.44 et 0.30 ) à une identification négative ( -1.22 )! Au final, cependant le regroupement des trois m oyennes algébriques fournit une valeur médiane de 0.45 , qui s'ajoute à la valeur de -0.64 ( similitude positive entre le crâne 2 et la reconstitution ): on peut donc conclure avec certitude que le crâne 2 est bien celui de Mr Z. Pour terminer signalons que l' occlusion retrouvée à partir des observations des dents se rapproche de l’occlusion de convenance de l’individu. Figure 12 : craniophotocomparaison Crâne 2 / Mr C, Mr Z, tête reconstituée
. 8. CONCLUSION L’occlusion dentaire détermine de façon remarquable, l’aspect et la hauteur de l’étage inférieur du visage. Une erreur dans la détermination du rapport inter-maxillaire influe sur les méthodes utilisées en matière d’identification. Or en absence, même partielle, de dents, il est difficile de retrouver le rapport dento-dentaire. Sur un cadavre édenté ,seule l’observation pertinente des dents restantes, peut aider à retrouver l’occlusion de convenance d’un sujet. BIBLIOGRAPHIE Caldwell (P.C.), 1986. New questions ( and some answers) on the facial reproduction techniques in Forensic osteology : Advances in the identification of human remains. Charles C.Thomas, UIllinois, 326p. Desbois ( Cl.), 1986. La reconstitution du visage d'après le crâne. Thèse chir.Dent.-Lyon. Desbois ( Cl.), Mallet ( Cl.) et Perrot ( R.), 1992. La méthode DMP de reconstitution faciale dans l'identification médico- légale. Paleobios, Lyon, N° 1-2, pp.1-21. Fedosyutkin (R.) & Nainys (J.V), 1993. The relationship of skull morphology to facial features in Forensic analysis of the skull. Wiley-Liss, New York. Galloway ( A.), Birkby ( W.H.), Kahana ( T.) & Fulginiti ( L.), 1990. Physical anthropology and the law : Legal responsabilities of forensic anthropologists. Yearbook of Physical Anthropology , vol.33, pp.39-57. Janssens ( P-A), Hänsh ( Ch.Fr.) et Voorhamme ( L.L.),1976.Identity determination with anthropological cranium adjustment. OSSA, 5, pp.109-122. Perrot ( R.), 1996. Use of Anthropological Methods in the Identification of unknown Individuals : Human Remains and Armed Robbers. 14th Meeting of the International Association of Forensic Sciences ( IAFS) 1996, August 26-30, Tokyo, Japan.
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