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Aux Donateurs, Aux Familles, A la Science
Ce texte se veut être un témoignage pour les familles des donateurs,
pour les personnes ayant entamé une réflexion sur le Don de leur Corps
à la Science, pour le public, sensible ou non à la démarche, les
étudiants et les structures d’enseignement pour expliquer, à partir de
la vision et du témoignage direct d’un Préparateur en Anatomie, les
forces et les faiblesses de la démarche de don tout en invitant le
lecteur au travers de son expérience dans les coulisses parfois dures
mais très souvent belles, de l’art de la connaissance et de
l’enseignement anatomique.
Mon nom est Ludovic CALLENS, j’ai 34 ans, Technicien-Préparateur en
Anatomie Humaine exercé en mars 2011 au Centre du Don des Corps de la
Faculté Paris-Descartes, Rue des Saints-Pères.
- Titulaire d’un Diplôme Universitaire de Thanatopraxie.
- Chercheur associé au Laboratoire d’Anthropologie Anatomique et de Paléopathologie de Lyon,
- Ancien Membre de la Société Française d’Histoire de
la Médecine (SFHM) et de l'Association du Musée Hospitalier Régional de
Lille.
J’ai démissionné de mon poste au Centre du Don des Corps, après avoir
été victime de menaces de mort suite à ma dénonciation d’agissement de
Techniciens dont le respect des défunts, l’éthique et la passion de la
profession étaient loin d’être leur préoccupation première. Les motifs
complémentaires de ma démission furent les conditions épouvantables de
travail liées au non-entretien des locaux qui ne permettaient plus un
accueil digne et respectueux des défunts (donateurs) :
- Corps empilés sur des brancards recouvert par moment d’un simple sachet.
- Restes de corps au sol.
- Sol imprégné de fluides corporels.
- Odeur insupportable (la salle de repos se situe
au-dessus des chambres « froides » avec une vue directe sur des défunts
en cours de préparation).
En ce qui concerne les agissements de certains techniciens, impardonnables selon moi je citerais :
- Alcoolisme
- Préparation et vol de pièces anatomiques (très
certainement pour la vente a des particuliers mais je n’étais pas
témoin direct des ventes plus que certaines).
- Maltraitance des défunts (gestes déplacés, mises en scène, coups, ...).
- Actes aux frontières de la folie.
Mon dernier « passage » au Centre du Don des Corps de l’Université
Paris-Descartes date de 2013. Strictement rien n’avait changé. La
menace constante a eu raison de moi et m’a poussé à une nouvelle
démission.
J’ai pu découvrir entre-temps de nombreux Laboratoires à travers la France dont un à Montréal (Canada).
Je vous citerai pour exemple le Laboratoire d’Anatomie de la Faculté de
Médecine de Lille (Université de Lille), lieu où les défunts sont
accueillis avec le respect et la dignité qui leur est due. Ce lieu est
marquant par le haut degré d’éthique de l’ensemble de l’équipe comme
par la propreté extrême des locaux.
Pour moi, l’anatomie, « l’Art Anatomique », n’est pas un travail mais
une vocation et une passion (j’ai eu mon premier atlas d’anatomie à
l’âge de 8 ans). Dans certains Instituts d’anatomie d’Europe vous
pouvez lire ceci à l’entrée : « Ici, les morts sont au service des
vivants », voici le véritable sens de cette profession noble mais salie
par ces pratiques Parisiennes.
Conséquence de mon témoignage, je suis à ce jour sans emploi et les
Laboratoires, dont Lille, hésitent à me recruter étant, désormais très
probablement, sur la liste noire des « lanceurs d’alertes ».
Ludovic CALLENS
Août 2020
* Ce texte mis en ligne sur le
site du Laboratoire d'Anthropologie de Lyon a été également proposé à
différents organes de presse (l'Express, Marianne, la Voix du Nord, Le
Parisien, Médiapart, ...).